Né le 8 juin 1943, Jeremy John Ratter alias Penny 'Lapsang' Rimbaud est un écrivain, poète, philosophe, peintre, musicien et activiste de la contre-culture. Il a été membre des groupes d’art de la performance EXIT et Ceres Confusion, et en 1972, il est co-fondateur du Stonehenge Free Festival, avec Phil Russell alias Wally Hope. En 1977, avec Steve Ignorant, il cofonde le groupe punk anarchiste Crass dont il est le batteur. Crass se dissout en 1984. Jusqu’en 2000, Jeremy Rimbaud s’est consacré presque entièrement à l’écriture ; Il revient sur la scène publique en 2001 en tant que poète de performance, travaillant avec la saxophoniste australienne Louise Elliott et une grande variété de musiciens de jazz sous l’égide de Last Amendment.
De Crass jusqu'à sa carrière solo, Penny Rimbaud participe à de nombreux disques et il en réalise même parfois comme Arthur Rimbaud in Verdun en 2020.
L’album est une fiction construite par Penny Rimbaud en imaginant place d'Arthur Rimbaud (mort en 1891) dans la tragique bataille de Verdun en 1916. L’idée est pour l'auteur britannique d'explorer les possibilités de la perception d'événements aussi drastiques par le jeune vagabond et poète aux semelles de vents.
Penny Rimbaud : « En vérité, j'ai fait atterrir Arthur Rimbaud, là-bas, parce que je suis obsédé par l'idée de savoir comment le plus grand des poètes français aurait pu se comporter face aux énormités de la guerre. Je me demande quelles leçons ils aurait appris et ensuite ce qu'il aurait pu transmettre à une planète encore toujours si obsédée par le conflit, le chagrin et la souffrance. »
Avec 3 saxophonistes, s’inspirant des sons de John Coltrane et d'images de Jackson Pollock, Penny Rimbaud explore l’inconnu avec son idole et homonyme pour offrir un album concept unique qui conte une histoire captivante de mort et de romance.
Penny Rimbaud : « Je partage son humour, sa peine, sa passion, sa poétique, même si parfois je suis lassé de ses obsessions, je rumine. Combien de fois m'a-t-il crié « regarde » à propos de quelque chose que je ne pouvais tout simplement pas voir. "Là-bas. Regarde, regarde, là-bas », où pour moi il n’y avait que ténèbres et mort. Quand je suis le plus fatigué, il m’appelle souvent Paul, mais la plupart du temps, je suis trop épuisé pour lui répondre. Mais l’amour, nous l’avons fait, nourri par les fusées éclairantes, brisé par les obus, choqué par les explosions, bras dessus bras dessous jusqu’à ce que les bras n'existent plus. Bien de ceux que nous rencontrons le long de ces tunnels turgescents de la mort à un moment ou à un autre réclament la pitié pour eux-mêmes, Arthur la refuse. Tout et n’importe quoi, revenant à traduire à nouveau à se défier des prétentions bourgeoises ou à reformuler la confrontation au dogme matérialiste.
Nous sommes amants. Nous sommes amis, sublimes dans notre parenté, mais j’ai l’étrange pressentiment qu’aucun de nous ne va survivre à la terreur de Verdun. Ensemble, nous nous vautrons dans les flèches de sang, d'os et les lambeaux de chairs déchirées. qui étais-je ? Sans plus savoir lequel de nous deux est encore une chose, et sans plus pouvoir parler du qui j'étais, unique chose si cruellement uni comme une seule chose dans le squelette. Oui, nous sommes des détritus, et c’est là que nous nous retrouvons nous-mêmes, les uns les autres. Le vide est complet, puis une autre aube se lève au-dessus du carnage"
L’ambiance sombre et vivement entêtante ; imprégnée de free jazz, elle est ponctuée par la diction lyrique de Penny Rimbaud, il peint des images de l’expérience chaotique de la Première Guerre mondiale. Habitée, l'obsédante lecture est impitoyables dans son réalisme détaillé, non seulement c'est remarquablement suggestif, mais c'est lu d'une manière si convaincante que l'on oublie vite facilement qu’il s’agit d’une fiction. Réalisation exceptionnelle réalisé, brutale par moments, incroyablement poignante du début à la fin, « Arthur Rimbaud à Verdun » ne ressemble à rien d’autre en terme de sujet et de sons poétiques ; ici, l'expression Performance poétique prend véritablement tout son sens.
Penny Rimbaud s'est adjoint trois sacrés saxophonistes pour trouver l'aide afin de peaufiner, finaliser sa vision. Evan Parker est reconnu dans le monde entier comme l’un des joueurs de jazz des plus talentueux. Ingrid Laubrock est devenue l'une voix majeure en tant que musicienne dans l'inspiration libre du free jazz et toujours très inventive, aussi elle est compositrice. Enfin, Louise Elliott, qui se fait passer pour une outsider a découvert le jazz à travers une formation classique mêlée au punk-rock, de là toute la force de ses attaques rugueuses. Ces trois musiciens forment ensemble une stupéfiante démonstration pyrotechnique de saxophones, un feu d'artifice sonore qui correspond à la poésie pluridimensionnelle de Penny Rimbaud et de son approche dramatique de la performance poétique.
Ivar Ch'Vavar a fait cette édition pour les amis, cette présentation ou mise en ordre, disons, de poèmes qui le fascinent depuis plus de cinquante ans, qu'il a relus toujours, dont l’importance dans l’histoire de la poésie lui paraît extrême – et qu'il a toujours trouvés mal publiés.
Il faut reconnaître que les Vers nouveaux posent de sérieux problèmes d’édition, insolubles même, dans l’état actuel de nos connaissances. Certains de ces poèmes sont datés, mais l’ont-ils été au moment de la première écriture, ou bien – plutôt ! – au moment d’une mise au net, ou d’une simple copie ? Il n’est pas évident d’établir dans quel ordre ils ont été écrits, alors qu’il serait si important de le savoir, car une avancée majeure de la poésie se joue ici, en très peu de temps.
Ivar Ch'Vavar a établi, après une étude minutieuse, une nouvelle proposition pour l'ordre de ce corpus de poèmes d'Arthur Rimbaud et, à la suite, il s'en explique dans une très longue et instructive note.
ISBN:
979-10-95997-55-9
72 pages
120 x 185 mm
10 euros
Parution : 05.04.2019 - Collection : Poésie aux éditions LURLURE
...Nul ne resplendira après la nuit qui lapida le Dieu et je suis frappé, aussi solitaire qu'un artisan sacré, par le soleil... - Dylan Thomas
Je suis un passionné et collectionneur de disques de blues et de rock, toutes tendances confondues, je possède de très nombreux enregistrements d'Elvis Presley que j'ai toujours considéré comme un sacré chanteur, moins comme un rocker pourtant j'adore sa période Sun Records, une espèce d'ange, tel que l'a chanté Dick Rivers Elvis avait l'air d'un ange, mais un ange déchu. J'avoue que jamais j'ai cherché à explorer afin comprendre le mythe et même si j'adore les ouvrages de Greil Marcus, je n'ai pas lu son livre Dead Elvis, ni été voir le biopic Elvis, paru en 2022.
L'exploration du mythe d'Elvis Presley, Laurence Fontaine, journaliste douaisienne, l'a effectuée avec passion, méthode, brio et à l'arrivée son investigation donne un ouvrage qui est tout autre chose qu'un live de fan ; il a un puit de détails sociologiques et culturels qui conférent au final, sans être une analyse pseudo scientifique, une dimension à l'ouvrage qui offre à s'immerger dans l'histoire de quelques décennies d'une nation que le destin d'Elvis Presley illustre, bien plus que symboliquement puisque incarnée, comme la mise en abime de L'Eldorado, ce fameux rêve américain.
Le pauvre ! Elvis dés sa naissance semble prédestiné à subir une tragédie shakespearienne, tous les éléments sont réunis pour que s'écrive un drame existentiel dans le contexte d'une société pleine de promesses trop souvent non respectées, bafouées. Elvis Presley a du sang indien, comme l'immense Jazzman Charles Mingus ce sont des métis et de par là ils sont victimes d'une souffrance identitaire dans une nation dans laquelle toute une très large communauté doit, encore et toujours, lutter afin d'obtenir l'égalité des droits civiques, plus simplement de ne pas se résigner pour essayer de vivre dignement, c'est l'un des aspects, en toile de fond, que donne à saisir le livre de Laurence Fontaine que je ne vais pas plus, ici, vous raconter, je vous recommande de le lire.
Au terme de ma lecture de L'Amérique d'Elvis, personnellement j'arrive en conclusion au sentiment que je présentais aux sujet de celui que l'on surnomme THE KING, je l'appréhende plutôt comme un Prince, un ange déchu, à la voix pure, jusqu'à la fin de ses fins celle ci le restera, elle est, celle d'une âme qui ne l'est pas moins pure, voir enfantine, certes elle est en proie aux tourments puisqu'elle doit se débattre dans un contexte environnemental globalement hostile ou corrompu, souvent les deux aspects alliés,...
...L'Amérique d'Elvis avec adresse offre à mesurer avec justesse ce paramètre qui fait qu'Elvis Presley demeure un étranger incompris, d'ailleurs il le chantera : Stranger in my Own Home Town/Etranger dans ma propre ville natale. Laurence Fontaine au terme de sa passionnante narration, évoque donc à juste titre L'Etranger de Marcel Camus. Elvis Presley reste un étranger.
On peut par certains aspects comparait le mythe d'Elvis Presley au vol Icare ; pour ma part, ici, je convoque le visage de Jésus, que l'on nomme bientôt Le Roi des rois, je ne suis pas croyant, ce dernier m'avait que sa parole liée sa foi en l'amour pour réaliser des miracles ; Elvis n'avait que sa voix et sa foi... Elvis avait l'air d'un ange.
Marquis de Sade
« Chorus » - Antenne 29 - décembre 1979
« You’ve got a skin disease… »
Et vous
qu’attendiez-vous jusque-là ?
Comment aviez-vous étanché votre faim
jusque çà ?
Quoi pour vous nourrir ?
Parce qu’avant cela seul Brel
semblait pouvoir soule-
-ver une montagne
en chantant
Amsterdam.
Et bien qu’on découvrit quelques mois
après cela quasi mutique quoique
convulsionnaire
celui qui post-mortem
demeurera certifié référence suprême :
Ian Curtis
de Joy Division…
Jamais .
Jamais
ce qu’on nomme événement
jamais rien de cet acabit
ne se sera ainsi produit !
Ouverture au noir incisive
le disque du générique tourne tandis que
s’affiche le nom du groupe sur des esquisses.
Ça sent le soufre : Marquis de Sade !
L’électricité du premier titre se propage
déjà…
Le neuf décembre mille neuf cent soixante dix-neuf
sur l’écran de la télé ce fut
semblable à la première goutte de l’orage qui
provoque
l’onde de choc
ondulant la surface d’un lac volcanique.
Le chanteur sillonne la scène
comme s’il s’agit d’un puzzle capricieux de
plaques tectoniques.
Il trace de ses dix doigts
des feux d’artifice semblables à des flagelles
à l’arrêt.
Dès lors on suit ses traces : on entre.
Il y aura eu des occasions qu’on
regrettera d’avoir manquées
tout le reste de sa vie car souvent
ce qui vaut la peine d’être vécu
n’apparait que
furtivement !
Mais cela continuellement embusqué
dans un angle-vif de ma
mémoire
n’en fera pas partie !
Bousculant mon existence pire que la
débandade affolée sur les
marches de l’escalier à Odessa dans le
Cuirassé Potemkine
ce-à m’aura poursuivi
jusqu’à aujourd’hui où j’écris !
Six garçons ont lustré leur peau sur le rabat
satiné
de leur costume électrique.
L’un tisse des guipures ajourées comme la
caisse rougeoyante de sa guitare
afin de montrer de quel bois il se chauffe
quand l’autre
fend la vague
tel le Capitaine Achab qui se cabre
face à Moby Dick aux abois.
… Les vois-là pour la première fois !
Les voilà ces seigneurs aussi émaciés que des
duchesses morphinées.
Dans l’œil du cyclone j’ai vu !
Des effets de dislocation
des parties de corps séparées
supprimant tout point d’appui
C’est une remise en question des lois de
l’équilibre !
J’ai vu un danseur en
lézard morose
enchainer les zigzags
j’ai vu un boxeur
trébuchant
j’ai vu un forçat
forcé aux fers
les jointures
oxydées sous
l’orage que les
autres déversent.
Et le groupe tresse des cumulus de suie
où semblent s’ébaucher
de sombres présages
que nul aruspice n’aurait su voir se dessiner
: sombres augustes
comme dans un simple marc de café.
Signes de menace ou de fatalité ?
Le voilà lui ! Fil-de-fériste en appui précaire
culbutant le bel ordonnancement
de l’univers.
C’est un danseur escaladant à la suite
d’Eurydice
jusqu’au-dessus
le volcan
comme s’il s’était extirpé des enfers dans
un escalier en hélice
aux marches lissées par des siècles
de circulation !
Au milieu d’eux le voilà !
Equilibriste dont les contorsions
convoquent Francis Bacon.
Parmi eux le voilà en Christ tiré à quatre
épingles.
Egon Schiele en Saint Sébastien !
Celui-là qui danse
endigue le tourment…
L’heure du hold-up est venue.
Sur la scène du Théâtre de l’Empire
me saisissent ces raffinés
plus beaux que des fresques byzantines
dégagées des plâtras dans Sainte- Sophie à
Istamboul !
Des dandys de
cabaret en costard droit
ou croisé
qui décochent des directs des doubles croches
des éclats…. Une esthétique pyrotechnique !
L’entrelacement brasillant des guitares
l’échine soyeuse de la rythmique
les mouvements et la gestuelle
au lieu de se tenir à distance
me sautent aux yeux !
J’essaie de renouer avec des visions
anciennes…
Ce choc esthétique s’est produit à cet
instant-là
devant moi
sur l’écran.
SKIN DISEASE
WHO SAID WHY ?
CONRAD VEIDT
SET IN MOTION MEMORIES
No mow tchoyce no mow voyce no mow
voyce aïe donte want tou(e) ire visse inoeu
voyce itse so so ard(e) tou teyk(e) wan’se
tchoyse and(e) naow aïe’m(e) frowingu(e)
ahout maïe zowtsse.
Youh lin(e) youh eide euponn youh
fraind’ss(e) chouldeuh baqu(e) in(e) veu(h)
ouaïte roume eu blonde eire meine djeust(e)
eunaveh cèleuh saïlennt(e) smaïl(e)zz eind(e)
oplaisse louqu’x(e) wouip(e) off(e) longu(e)
chwèd’z(e) o’v(e) draï skin(e) steind(e) eup(e)
eind(e) fayce veu ouind(e) oui kot eu skin(e)
diziz(e) conn(e)choussness fèll(e) euslip(e)
(…)
Ce choc esthétique se renouvelle aujourd’hui
à travers ce que je tente de raconter.
Je souhaitais aussi que ce-là
(quand tout
se sera consumé)
reste comme
dans les livres d’histoire
de l’école primaire :
Bernard Palissy brûlant ses meubles
brûlant les portes
brûlant les fenêtres
brûlant le plancher même
de sa maison opiniâtrement
cherchant le secret de l’émail.
.
Mais maintenant ce dont je me souviens
aussi et que j’écris ne reviendra jamais.
Ce qui paraissait immuable a fini par
ployer !
Des panaches de fantômes glissent
dorénavant
dans l’obscurité
ils mordent ma conscience comme
le gel immiscé dans la fissure du mur.
Comment raconter cela maintenant ?
On ne sait plus rester seul dans sa propre
demeure
où coexiste
une abondance
d’absences.
Chaque mort glisse des épines sous la peau
dans une morsure vivace en un bouquet
rosacé.
C’est
comme si
on percevait des explosions dont personne
ne semble s’apercevoir…
C’est dans sa tête.
Qu’est-ce que cela veut dire dans sa tête ?
Est-ce un récif couvert de varech ?
Est-ce un radeau dans la tempête ?
Ou un calvaire de granit
dessous la saucée des cieux ?!
Pas besoin pour pleurer d’aller plus loin
que le bout du jardin…
Aucune silhouette
cinglant l’air.
Leur disparition aura lessivé
leur essence dont on conserve
en mémoire l’apparence.
Pas de danse il y a juste un instant
et puis…. trébuchant.
On a longtemps cru que l’existence
se poursuivrait
accélérée par quelque passion !
Tout ce que j’ai aimé
qui soulevait mon cœur
voilà que ça meurt…
On fouille dorénavant sous la cendre
alors que sous tout ce qu’on adorait
le feu couvait.
Désorienté on tombe en peine
dans des déviations
lentes
initiées par quelque
intempérie intime…
Petites pluies grésillant
tel un vieux vinyle de Blues
qui égraine la mémoire
de fantômes familiers.
Lequel a poussé la mauvaise porte ?
Descendu le mauvais escalier ?
Qui a croisé le portier de la nuit
avec ses cheveux plaqués
comme les ailes noirtes du corbeau
d’Edgar Allan Poe ?
Les esprits passent certains soirs.
On ne saurait les voir
sauf sur de vieilles photo-
-graphies
qui provoquent un appel d’air.
On part à rebours.
Si seulement on disposait du pouvoir du
narrateur
:
étirer
suspendre
arrêter.
Mais non !
C’est un précipité !
Chaque image fait choir un souvenir.
Etrange fruit mûr qui touchant le
sol s’égraine en des tristesses
remisées croyait-on.
Des phénomènes de persistances acoustiques
déstabilisants.
Un miaulement qui erre
dans l’air….
Et cette voix autrefois au téléphone
plus troublante
que sur les disques.
Paralysie de la réverbération.
On trébuche contre ces échos
d’hallucinations !
Un kaléidoscope tressautant
de spectres
disparates…
Comment ne pas s’y engouffrer ?!?
Parfois on sombre
dans un précipice.
C’est une entaille dans la crevasse
une cicatrice dans les entrailles.
On entre on plonge on tombe
comme dans un trou.
Peut-être que tout cela ça n’est plus que des
souvenirs ressassés…
L’incendie avait jailli il y 45 ans
sur le téléviseur
qu’on regardait et c’était comme si
on voyait tout cela se
métamorphoser en lave !
L’incandescence de la danse sur l’écran
m’avait sauté dessus :
un fondu enchaîné comme au gluant du
goudron un été brûlant.
Ignorant alors que ces embrasements
fusant sur fonds d’ombre ne furent que des
jeux de lumières
qui verseraient finalement leur liqueur
noirte !
Comment raconter tout cela maintenant ?
Te voici. Tu danses.
Tu danses à deux pas du ravin…
Celui-là qui danse endigue le
tourment !
Marquis de Sade
« Chorus »/Antenne 2 le 9 décembre 1979
SKIN DISEASE - Texte écrit par Jean-Luc Galus.
La photo de Philipe Pascal est une capture d’écran du concert de
Marquis de Sade diffusé le 9/12/1979 dans l’émission d’Antoine
De Caunes sur la 2e chaine de télévision française.
Je recommande à ceux qui s'intéressent à la poétesse Marceline Desbordes-Valmore et/ou à la littérature picarde, le n°5 - 2024 de J'écris pourtant, édité par SEMDV-Société des Etudes Marceline Desbordes-Valmore, que m'a transmis Jean Vilbas, qu'ici, il en soit remercié, conservateur en chef de bibliothèque (Etat), chargé des collections patrimoniales de la bibliothèque Marceline Desbordes-Valmore de Douai.
Important livre-revue de 231 pages dans lequel pour ce qui nous intéressent nous trouvons les deux dossiers ci dessous décrits.
Les poèmes en picard de Marceline Desbordes-Valmore – Alain Chevrier (p. 53-75) Sur les trois poèmes publiés en 1896 sous le titre Poésies en patois de Marceline Desbordes-Valmore, deux sont écrits dans la langue de son enfance à Douai. On reproduit ces textes et on en donne la traduction, en les accompagnant de commentaires sur le contexte social de leur création, les genres dont ils relèvent, leurs thèmes en lien avec l’amour maternel, ainsi que le rapport de la poète à la langue picarde.
Suivi de
Trois textes douaisiens sur Marceline Desbordes-Valmore – Jean Vilbas (p. 77-82) Célébrée partout en France, la figure de Marceline Desbordes-Valmore trouve aussi un écho dans la littérature douaisienne. Trois exemples sont présentés ici : le poème dédié à l’autrice par Henri Sureau en introduction de La Légende de Gayant ; l’apparition de la statue de Marceline Desbordes-Valmore dans le conseil de guerre convoqué par Gayant dans Le Gardien de la ville d’André Obey ; enfin, le dialogue entre la femme-poète et le picardisant Constant Copin.
Je te laisse sans nouvelles ! c'est qu'il ne se passe rien. Dans tes derniers
envois j'ai particulièrement apprécié (versant musical) le Cat's Blues et
Johnny Shines, que je connaissais pas du tout, et qui joue vraiment le blues
que je préfère (mon chat Grichka est d'accord avec moi : il aime beaucoup
écouter Johnny Shines, beaucoup plus encore que le Cat's Blues !). ET Klara
Würtz, qui donne une interprétation étonnante des variations Goldberg. C'est
surtout (je crois) que les sons prennent une consistance et une vie
particulières. J'écouterai quand je pourrai l'intégralité du disque.
Sinon, j'ai rencontré il y a quelques jours un garchon que je n'avais pas vu depuis
cinquante-huit ans et qui dirige une association culturelle à Berck. Nous avons
longuement parlé, Olivier était là. Ce garchon ne nous a pas laissé beaucoup d'espoir pour le subventionnement même partiel de mon dictionnaire du picard de Berck par la municipalité berckoise.
A
ce propos, la revue que je vous ai signalée, à Olivier et à toi, consacrée
entièrement à Marceline, et à laquelle Jean Vilbas collabore, risque de ne plus paraître : la ville de
Douai lui ayant retiré son aide ! Tu verras ça dans le texte éditorial. --
Marceline a été traduite en russe, toute une anthologie, en 2018, et elle était
au programme de l'agrégation l'année dernière ou il y a deux ans, ça n'est pas
rien ! Mais la France sombre dans l'inculture, même la haine de la culture, ses
"élites" en tête, évidemment !
Nous partons maintenant chez un ami russe, Dominique et moi, pour fêter la
déconfiture du milieu politico-médiatique à l'occasion des élections
américaine. La bouteille de vodka nous attend.
On
t'embrasse bien
Ivar
***************
Réponse à Ivar Ch'Vavar
Min Caùmarate
Pour réponse, là, je te transmet la vision d'un document que j'ai trouvé, ramassé dans une caisse et sauvé, destinée aux encombrants, sur un trottoir du centre ville de Douai, devant une boutique de secondes mains.
Donc parmi des invendus dont les destinées sont de terminer aux ordures, un poème en picard dousaisien de Marceline Desbordes-Valmore.
Louis. F. Dechristé de Douai (1818-1896), imprimeur, écrivait des chroniques dans une gazette de Douai, par la suite, ces chroniques sont publiées dans un ouvrage en trois tomes "Souv'nirs d'un homme d' Douai dé l'paroisse des Wios Saint-Albin, aveuc de bellés z'images, croquis historique en patois douaisien" par L. D. Dechristé ; il a également écrit d'autres livres en français, notamment sur Douai pendant la révolution française.
Louis. F. Dechristé était membre de La Société Liégeoise de Littérature Wallonne ; avec Marceline Desbordes-Valmore et Théophile Denis, il est l'un des auteurs majeurs en picard douaisien dont l'on peut dire qu'à la lecture à haute voix que le picard résonne clair comme le carillon de sa ville natale, cité de Gayant.
Christian-Edziré Déquesnes.
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[...] À propos ! in parlant d'tout cha : Quoche que chet, à no' hôtel d'Académie, de ch'tiot bâtimint qui n'y à doite din chés rues tout près pou tourner pa l'rue de l'Comédie ?... Y n'y in a qui dittent comme cha : - Chet l'loge de ch'portier ; un aute : - Chet un parloir ; un aute : - Chet ch'l'indrot dù qu'un mettra chés cannes et chés parapluies, comme quand qu'un inte à ch'Muséum ; un aute, aute cosse... - Tout cha, ch'ét possibe, mais j'n'in sais rien, et un m'frot bin plaisi d'tirer cha au clair... [...] - Extrait du tome 2, paru en 1857, de Souv'nirs d'un homme d'Douai de l'paroisse des Wios-Saint-Albin.
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[...] Dechristé a écrit en prose, mais il est bien plus poète que la plupart de nos versificateurs ! Par chance, il l'ignorait, semble-t-il.- S'il l'avait su, sans doute eût-il "composé des poèmes" et se fût-il, pour cela, quelque peu rogné les ailes... Nous ne connaîtrions pas, en tout cas, cette prose délicieuse, l'une des plus déliées, des plus élégantes que nous puissions lire en picard... il écrivait au fil de la plume, sans prétention littéraires affirmées et cela donne à son style un naturel, une fraîcheur qu'aucune rhétorique ne vient gâter. - Avec cela, la phrase est picarde ! [...] Il y a en Dechristé un Aloysius Bertrand débarrassé de l'écriture "artiste", un Desrousseaux sans la fatigue de la rime et du refrain (ces piétinements), une Marceline Desbordes Valmore sans sanglots dans la voix, un Alain-Fournier qui n'aurait pas eu la prémonition de l'anéantissement brutal de son rêve, un Gérard de Nerval sans la mélancolie...
la qualité poétique de l'oeuvre de Dechristé nous a paru assez remarquable pour que nous tenions à la faire sentir à tout prix. - Ajoutons qu'un seul écrivain, dans l'histoire des lettres picardes, devait retrouver cette veine et l'exploiter avec une subtilité égale : Géo Libbrecht*:*.
Ivar Ch'Vavar - Extrait de LA FÔRET INVISIBLE au nord de la littérature française le picard - paru en 1985 aux éditions Trois Cailloux.
*Géo Libbrecht de Tournai (1891-1976) est l'un des poètes majeurs, si ce n'est le poéte majeur, du renouveau de la poésie picarde belge.
En mai dernier quand pour la première fois, je suis allé à Tervurenrenco, j'y ai rencontrer Kloot Per W 'dans le cadre d'une exposition de ses peintures qu'il organisait chez lui ; Dés mon premier regard, un dessin pastel de Kloot Per W a retenu vivement mon attention car il m'a plus que rappeler un poème d'Ivar Ch' Vavar, il m'a comme 'projeté', à nouveau, dans "Lucie à ‘p plaje/Lucie à la plage"... Je suis rentré à Douai, chez moi, avec ce dessin-pastel sans titre mais sachant que Kloot Per W aime beaucoup The Beatles*, je l'ai nommé "Lucy Duciel à la plage".
'Lucie à ‘p plaje' que je connais depuis 2001, peut-être même avant, est un poème qu'Ivar Ch'Vavar affectionne tout particulièrement et qu'il a composé initialement en picard berquois, la langue de son enfance, et en vers arithmonymes** (contrainte qu'il a 'inventé'). La revue de poésie occitane "OC"***, en juin 2023, dans son n°145 a consacré plus d'une trentaine de pages à la poésie picarde et avec des textes écrits dans cette langue que Bruno Peiràs a traduit en picard et dont nous donnons la version, ici, à la suite et en final.
Lucy Duciel à la plage
dessin aux pastels de Kloot Per W
*******
Ivar Ch’Vavar
Lucie
à ‘p plaje(picard de Berck)
1.
Oùstoùt, li i ll’aù vu, solé. Li preunme. I s’épiènnhe, i s’ébreulhe, li aviuke, i Prind sn’éscar ed gairgoènne ! – o wét s’loutchète.
Ale ét laù — ës’n orteu su
ch’règhe intàr Ech fu d’déwor — pi ch’brun d’inndin :Éle
ale ét laù granne, hœte come é’s ciél.
Os sranmes dés
puches-ed-mér inchpèes à sœtir, ô cui ! Ô cui pou’c camuché, sroét-ti qu’nos zius —N’sroét-ti
qu’no eulh. — Ô, boin rincuin.
Os
juanmes é-pi os jouglanmes — su ché’g granne plaje Oz àrbéyanmes ech doù
l’amérie. Cri.anmes no cri D'cachouris dech lu. Éclichès d’àgulhes ed
plézi.
Os mouchlinanmes é’s sape, maflès d’:ète djè. Ech Mélliton dech solé i érifloét chéle lènnhe d’œrèlhes.Tchi à ‘m mér, din l’ondeur si boènnhe,
Ciél —. Ghérblès d’ér, oullonnès d’leumiére, eule bénite, Ché'c caleur nouz avind duska chl’où — noz aronsI glich’të yon sur l’œte din l’afale
Dech’l eure — i lù frot’t’ pi i lù toulh't'. Su chl’Ésplanade o wét chés wétures cœdes, milantes, Silinche ed brouits ; chés patarafes i
inwè’t’ lùz àrfléts.
Qu’tu nous doraù ack
ët’ pàrzince — rincuinèe ëtPàrzince pairade ! — mé o ‘s sèt, éstricitè d’:ète, Niflète-gri,
tcheu.ète ed tcheudes, grèfe ed filannes, vènnhe
Dech’l échufëlmint - o
‘s sèt, mairche, eque ti tu N’sè point à-rièn, candèlhe dech’l étè — àrbe àrbèKmint qu’os sanmes, grons d’plonb, tcheurs coéyoutès-
Atcheu.èes
dégavéllèes-déssoulinèes d’jins — os pourons... os pourons... Os milons téz infourkes ed jean — os sanmes cairpièsPair ët’ cavlure — quantt ale
passe su ché’p plaje —
À ch’pékamouke ed tin
péraje inochint — os nous Trondlons din ‘p poùrtchrie dë t’bieultè — ô, touiyoù Os mairchons din tin brin-d’œrèlhe — os vnons,s'pétché
D’no vie, trinche ed no
vie, ti, troéyéle Ed no vie, wadjie d’no vie, tchèsse ed No vie, tchainve ed no vie, ganne ed no
(en vers arithmonymes de neuf :
tous les vers « font » neuf mots)
(version française)
LUCIE
À LA PLAGE
1.
Tout
de suite il l’a vue, lui, soleil. Lui premier. Il s’arrache les cheveux, les viscères, lui aveugle, il Prend son élan de gueule ! — on voit sa luette
Elle
est là — son orteil sur la règle séparant Le feu du dehors — le sombre du dedans. dedans.Elle, elle est là grande, haute comme le ciel.
Nous serions puces de sable empêtrées à sauter, ô angle ! Angle aigu où cacher, ne
serait-ce que nos yeux — Ne serait-ce
que notre œil. — Ô, bon rencoin.
Nous jouions et nous chahutions — sur la
grande plage. Nousregardions le dos de la grosse vague. Crions nos crisDe chauve-souris de pleine lumière. Éclaboussés d’aiguilles de plaisir.
Nous chiffonnions le sable, essoufflés
de gaîté. Le Mirliton du soleil éraillait la ligne d'oreilles. D'ici à la mer, dans l’odeur si bonne
Sous
le ventre balancé des mouettes — quelle effervescenceDe prières ! oh ! comme les couleurs filaient vite !Le bleu du ciel envahissait le bleu du
Ciel
—. Criblés d’air, hannetonnés de lumière, huile bénite, La chaleur nous atteint
jusqu’à l’os — nos ailerons Glissent
l’un sur l’autre dans la profondeur
De
l’heure — ils se frottent et se confondent.Sur
l’Esplanade on voit les voitures chaudes, brillantesSilence de bruits ; les enseignes envoient
leurs reflets.
Elle,
d’où s’est-elle extirpée, par Quel corridor sombre qu’elle aura suivi sommeillant-somnolant - quelle secousse la voilà, rafale de sommeil ?
2.
Ô, visage de jonquille, peau de cire, cœur égoïste
—Lucie, crémaillère
de nos nuits, neige de flocons de Lucie, Raisin du vagin, rang de méduses, miroir éteint, toi —
Tu
es sur le pli — tu fais le pliage — Un fétu de soleil dans l’œil — roue, boucleDe notre décrépitude — par quoi nous sommes cousus dans
Un linceul d’iode — pourquoi nous pleurons sur les
plaques D’ombre du sable — ô, chevilles aveugles — ensevelissement, toi,Engloutissement — ce ne seront que merveilles sombres
Que
ta présence nous donnera — rencoignée, ta Présence,
à l’étalage ! — mais on le sait, électricité d’être,Narine-griffe, nuque de coudes,
tibia de filaments, veine
Du
rétrécissement — on le sait, va, que toi tu ne neSais rien, chandelle estivale — regardeComme nous sommes, girons de plomb, cœurs caillés -
Files humaines dépoitraillées-délitées — nous
poudroyons... poudroyons... Nous lorgnons ton entrejambe de jean — nous sommes cardés Par ta chevelure — quand elle passe sur la plage —
Nous marchons dans ton cérumen — nous venons nous pendre Au papier tue-mouche de ton étalage innocent — nous nous Vautrons dans la porcherie de ta beauté
— ô, tuyau
De
nos vies, tresse de nos vies, toi, truelleDenos vies, nausée de nos vies, caisse de Nos vies, chanvre de nos
vies, jaune de nos
Vies
— par le bec de l’Orphie, par la baie Del'authie — par la tétine du bleu du ciel —Lucie
viendra — Lucie viendra — Lucie viendra.
(version occitane de Bruno Peirà de la revue 'OC')
LUCIA
A LA PLAJA
1.
Sul
còp l’a vista, el, solelh. El primièr.S’arranca los pels, las tripas, el eissorbat, Pren vam de gula ! s’i vei lo gargalhòl.
Aquí
es, ela - son artelh sus la règla que dessepara dLo fòc del defòra - lo sorne del dedins.Ela, aquí-la granda, nauta coma lo cèl.
Seriam
piuses de sorra empantenadas a sautar, ò l'angle ! Angle agut per i
amagar, e mai pas que los uèlhs -E mai pas que l’uèlh nòstre. Ò, lo bon recanton.
Jogàvem
e rambalhàvem - sus la plaja granda.Agachàvem
l’esquina de l’ondada bèla. Cridàvem nòstres piuladisses De ratapenadas de plen lum. Esposcats d’agulhas de plaser.
Agorrufàvem
la sabla, lo gaug nos desalenava. Lo Mirliton
del solelh grafinhava la linha d’aurelhas.D’aicí a la
mar, dins la flaira tan bona,
Jol
ventre balancarèl de las gavinas - quin borbolhejadísDe pregàrias ! Fò ! qué fugissián lèu-lèu las colors !Lo
blau del cèl envasissiá lo blau del
Cèl-.
Cruvelats d’aire, entavanats de lum, òli senhat, La calor
nos fissa dinqu’a l’òs - nòstras aletas aletasLisan una sus l’autra dins la fonsor
De
l’ora - se fretan e se confondo Sus l’Esplanada se veson las veituras caudas, lusentas, Silenci de
bruches ; las ensenhas mandan sos rebats.
Ela,
d’ont es que s’es traita, per perQuin corredor
sorne se serà engulhada somelhaira - saunejaira -Per quina bassacada aquí
l’avèm , ventòrla de sòm ?
2.
Ò,
morre de jonquilha, pèl de cera, còr egoïsta - Lucia, cremalh de nòstras nuèits,
nèu de borrilhs de suèja, Lucia,Rasim de vagina, rengueta de carn-marinas, miralhet atudat, tu -
Siás
sul plec - fas la plegada - Una
palheta de solelh dins l’uèlh - ròda, bloca De nòstre degalhadís - que nos estropa dins un
Lençòl
d’iòde - perqué ploram sus las tacas D’ombra de la sabla - ò, cavilhas avuglas - sepeliment, tu, Engolidura-
seràn pas que meravilhas sornas
Que
ta preséncia nos donarà- esconduda, taPreséncia, a la
mòstra ! -mas aquò se sap,
electricitat d’èsser, Narra-urpa, copet de coides, tibià de filaments,
vena
De
l’estrechiment - aquò se sap, vai, que tu Non
sabes res, candèla d’estiu - agachaCossí sèm, faudas de plomb, còrcalhat
Tièras Umanas despapachadas-engrunadas-posquejam... posquejam... Espincham ton entrecamba de jean - sèm cardats Per ta cabeladura - quand se passeja sus la plaja -
Marcham
dins ta cera d’aurelha - nos venèm pegar pegar n Al
papièr pescamoscas de ta mòstra innocenta - nos Rebalam
dins la porcatièra de ta beutat - ò, tudèl
De
nòstras vidas, trena de nòstras vidas, tu, tibla De nòstras vidas, vòmit de nòstras vidas, caissa de Nòstras
vidas, carbe de nòstras vidas, jaune de nòstras
Vidas - pel bec de l’ Agulha de mar, per la baia baiaDe l’Authie - pel teton del blau del cèl - Lucia vendrà - Lucia vendrà - Lucia vendrà
*Kloot Per W a réalisé un album hommage à John Lennon Imagine NO John Lennon - A Tribute que je recommande vivement. Cet Opus a été enregistré avec de très nombreux musiciens belges et à noter aussi la participation de Jean-Jacques Burnel de The Stranglers pour le titre "I'm The Walrus".
** vers arithmonyme (principe : des vers comportant tous le même nombre de mots) : « ni égaux ni proportionnels, pas plus "à l’oreille" qu' "à l’oeil", ces vers qui pour cela même ne sauraient être considérés comme métriques (fût-ce au sens large de "réguliers") n’en sont pas moins régis par un principe relevant de la plus contraignante métrique : celui, que le néologisme qui en épithète l’appellation a charge de désigner, comme leur caractéristique majeure : ils sont "arithmonymes", c’est-à-dire, constitués d’un certain nombre (déterminé) de mots. Ils relèvent donc d’une métrique sans mètre. » (Jean-Pierre Bobillot, in Ivar Ch’Vavar & Camarades, Le Jardin ouvrier, 1995-2003, Flammarion, 2008, p. 201.).
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