vendredi 27 décembre 2024

BQN n°2 - Page 18 : ARTHUR RIMBAUD IN VERDUN de Penny Rimbaud . - Illustrations sonores : "Nagasaki Nightmare" de Crass & "Arthur Rimbaud in Verdun" de Penny Rimbaud with Ingrid Laubrock, Louise Elliot & Evan Parker.

           


Né le 8 juin 1943, Jeremy John Ratter alias Penny 'Lapsang' Rimbaud est un écrivain, poète, philosophe, peintre, musicien et activiste de la contre-culture. Il a été membre des groupes d’art de la performance EXIT et Ceres Confusion, et en 1972, il est co-fondateur du Stonehenge Free Festival, avec Phil Russell alias Wally Hope. En 1977, avec Steve Ignorant, il cofonde le groupe punk anarchiste Crass dont il est le batteur. Crass se dissout en 1984. Jusqu’en 2000, Jeremy Rimbaud s’est consacré presque entièrement à l’écriture ; Il revient sur la scène publique en 2001 en tant que poète de performance, travaillant avec la saxophoniste australienne Louise Elliott et une grande variété de musiciens de jazz sous l’égide de Last Amendment.

De Crass jusqu'à sa carrière solo, Penny Rimbaud participe à de nombreux disques et il en réalise même  parfois comme Arthur Rimbaud in Verdun en 2020.

L’album est une fiction construite par Penny Rimbaud en imaginant place d'Arthur Rimbaud (mort en 1891) dans la tragique bataille de Verdun en 1916. L’idée est pour l'auteur britannique d'explorer les possibilités de la perception d'événements aussi drastiques par le jeune vagabond et poète aux semelles de vents.

Penny Rimbaud : « En vérité, j'ai fait atterrir Arthur Rimbaud, là-bas, parce que je suis  obsédé par l'idée de savoir comment le plus grand des poètes français aurait pu se comporter face aux énormités de la guerre. Je me demande quelles leçons ils aurait appris et ensuite ce qu'il aurait pu transmettre à une planète encore toujours si obsédée par le conflit, le chagrin et la souffrance. »

Avec 3 saxophonistes, s’inspirant des sons de John Coltrane et d'images de Jackson Pollock, Penny Rimbaud explore l’inconnu avec son idole et homonyme pour offrir un album concept unique qui conte une histoire captivante de mort et de romance.

Penny Rimbaud : « Je partage son humour, sa peine, sa passion, sa poétique, même si parfois je suis lassé de ses obsessions, je rumine. Combien de fois m'a-t-il crié « regarde » à propos de quelque chose que je ne pouvais tout simplement pas voir. "Là-bas. Regarde, regarde, là-bas », où pour moi il n’y avait que ténèbres et mort. Quand je suis le plus fatigué, il m’appelle souvent Paul, mais la plupart du temps, je suis trop épuisé pour lui répondre. Mais l’amour, nous l’avons fait, nourri par les fusées éclairantes, brisé par les obus, choqué par les explosions, bras dessus bras dessous jusqu’à ce que les bras n'existent plus. Bien de ceux que nous rencontrons le long de ces tunnels turgescents de la mort à un moment ou à un autre réclament la pitié pour eux-mêmes, Arthur la refuse. Tout et n’importe quoi, revenant à traduire à nouveau à se défier des prétentions bourgeoises ou à reformuler la confrontation au dogme matérialiste.

Nous sommes amants. Nous sommes amis, sublimes dans notre parenté, mais j’ai l’étrange pressentiment qu’aucun de nous ne va survivre à la terreur de Verdun. Ensemble, nous nous  vautrons dans les flèches de sang, d'os et les lambeaux de chairs déchirées. qui étais-je ? Sans plus savoir lequel de nous deux est encore une chose, et sans plus pouvoir parler du qui j'étais, unique chose si cruellement uni comme une  seule chose dans le squelette. Oui, nous sommes des détritus, et c’est là que nous nous retrouvons nous-mêmes, les uns les autres. Le vide est complet, puis une autre aube se lève au-dessus du carnage"

L’ambiance sombre et vivement entêtante ; imprégnée de free jazz, elle est ponctuée par la diction lyrique de Penny Rimbaud, il peint des images de l’expérience chaotique de la Première Guerre mondiale. Habitée, l'obsédante lecture est impitoyables dans son réalisme détaillé, non seulement c'est remarquablement suggestif, mais c'est lu d'une manière si convaincante que l'on oublie vite facilement qu’il s’agit d’une fiction. Réalisation exceptionnelle réalisé, brutale par moments, incroyablement poignante du début à la fin, « Arthur Rimbaud à Verdun » ne ressemble à rien d’autre en terme de sujet et de sons poétiques ; ici, l'expression Performance poétique prend véritablement tout son sens. 

Penny Rimbaud s'est adjoint trois sacrés saxophonistes pour trouver l'aide afin de peaufiner, finaliser sa vision. Evan Parker est reconnu dans le monde entier comme l’un des joueurs de jazz des plus talentueux. Ingrid Laubrock est devenue l'une voix majeure en tant que musicienne dans l'inspiration libre du free jazz et toujours très  inventive, aussi elle est compositrice. Enfin, Louise Elliott, qui se fait passer pour une outsider a découvert le jazz à travers une formation classique mêlée au punk-rock, de là toute la force de ses attaques rugueuses. Ces trois musiciens forment ensemble une stupéfiante démonstration pyrotechnique de  saxophones, un feu d'artifice sonore qui correspond à la poésie pluridimensionnelle de Penny Rimbaud et de son approche dramatique de la performance poétique. 

               à écouter via le lien ci dessous                ▶︎ Arthur Rimbaud In Verdun | Penny Rimbaud


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