Louis. F. Dechristé de Douai (1818-1896), imprimeur, écrivait des chroniques dans une gazette de Douai, par la suite, ces chroniques sont publiées dans un ouvrage en trois tomes "Souv'nirs d'un homme d' Douai dé l'paroisse des Wios Saint-Albin, aveuc de bellés z'images, croquis historique en patois douaisien" par L. D. Dechristé ; il a également écrit d'autres livres en français, notamment sur Douai pendant la révolution française.
Louis. F. Dechristé était membre de La Société Liégeoise de Littérature Wallonne ; avec Marceline Desbordes-Valmore et Théophile Denis, il est l'un des auteurs majeurs en picard douaisien dont l'on peut dire qu'à la lecture à haute voix que le picard résonne clair comme le carillon de sa ville natale, cité de Gayant.
Christian-Edziré Déquesnes.
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[...] À propos ! in parlant d'tout cha : Quoche que chet, à no' hôtel d'Académie, de ch'tiot bâtimint qui n'y à doite din chés rues tout près pou tourner pa l'rue de l'Comédie ?... Y n'y in a qui dittent comme cha : - Chet l'loge de ch'portier ; un aute : - Chet un parloir ; un aute : - Chet ch'l'indrot dù qu'un mettra chés cannes et chés parapluies, comme quand qu'un inte à ch'Muséum ; un aute, aute cosse... - Tout cha, ch'ét possibe, mais j'n'in sais rien, et un m'frot bin plaisi d'tirer cha au clair... [...] - Extrait du tome 2, paru en 1857, de Souv'nirs d'un homme d'Douai de l'paroisse des Wios-Saint-Albin.
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[...] Dechristé a écrit en prose, mais il est bien plus poète que la plupart de nos versificateurs ! Par chance, il l'ignorait, semble-t-il.- S'il l'avait su, sans doute eût-il "composé des poèmes" et se fût-il, pour cela, quelque peu rogné les ailes... Nous ne connaîtrions pas, en tout cas, cette prose délicieuse, l'une des plus déliées, des plus élégantes que nous puissions lire en picard... il écrivait au fil de la plume, sans prétention littéraires affirmées et cela donne à son style un naturel, une fraîcheur qu'aucune rhétorique ne vient gâter. - Avec cela, la phrase est picarde ! [...] Il y a en Dechristé un Aloysius Bertrand débarrassé de l'écriture "artiste", un Desrousseaux sans la fatigue de la rime et du refrain (ces piétinements), une Marceline Desbordes Valmore sans sanglots dans la voix, un Alain-Fournier qui n'aurait pas eu la prémonition de l'anéantissement brutal de son rêve, un Gérard de Nerval sans la mélancolie...
la qualité poétique de l'oeuvre de Dechristé nous a paru assez remarquable pour que nous tenions à la faire sentir à tout prix. - Ajoutons qu'un seul écrivain, dans l'histoire des lettres picardes, devait retrouver cette veine et l'exploiter avec une subtilité égale : Géo Libbrecht*:*.
Ivar Ch'Vavar - Extrait de LA FÔRET INVISIBLE au nord de la littérature française le picard - paru en 1985 aux éditions Trois Cailloux.
*Géo Libbrecht de Tournai (1891-1976) est l'un des poètes majeurs, si ce n'est le poéte majeur, du renouveau de la poésie picarde belge.
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