samedi 31 août 2024

 

Os juanmes é-pi os jouglanmes — su ché’g granne plaje.                   Oz àrbéyanmes ech doù l’amérie. Cri.anmes no cri D’cachouris dech lu. Éclichès d’àgulhes ed plézi.

Os mouchlinanmes é’s sape, maflès d’:ète djè. Ech             Mélliton dech solé i érifloét chéle lènnhe d’œrèlhes.                  Tchi à ‘m mér, din l’ondeur si boènnhe,

Pa-dzou ch’vinte balichè dë zz’émiœlètes — qué émeute                    Ed pri:éres ! oh ! kmint qu’chés couleurs i flayoè’t’ !                                        Ech bleu dé’s ciél i inpourprindoét ch’bleu dé’s


Les jeunes et les joueurs — sur la grande plage. Les arbres y murmurent doucement l'amour. Nous crions, nous ne crions pas De cachotteries dans la lumière. Éclats d'aiguilles de plaisir.

Nous murmurions dans l'herbe, les mouches de l'été déjà. Le méridien du soleil éclaire la longue chaîne d'oreilles. Près de la mer, dans l'odeur si bonne,

Sous le vent les balises des émiettées — qu'émeuvent Des prières ! oh ! comme les couleurs flamboient ! Le bleu du ciel teinte le bleu des.

vendredi 30 août 2024

De Jean Paul Gavaert Perret

 Le babil des nou­velles classes dangereuses

Chris­tian Des­quesnes renoue avec le samiz­dat et la pen­sée encore plus libre que liber­taire pour remettre à leur place cer­tains intel­lec­tuels et pour­suivre son triple A, Amplification des Ampleurs des Aggravations, ce triple A qui n’a absolument rien à voir avec celui de l’économie capi­ta­liste. Ce cycle  signale lAmpli­fi­ca­tion des Ampleurs des Aggra­va­tions contre lequel l’auteur, ani­ma­teur, nou­veau bour­reau de Béthune des lettres lutte sous l’égide de Rim­baud et d’Ivar Ch’Vavar son meilleur ami et complice.


L’auteur appelle sa revue “un pauvre pério­dique”. Il n’en est rien car il renoue avec une lit­té­ra­ture et un feuille­tage qui avait cours dans les années 70 pas très loin de chez lui avec par exemple la revue “25” ani­mée par Fran­çoise Favretto et son époux de l’époque.  De­quesnes - comme il le pré­cise — n’écrit ni pour l’honneur ni pour l’argent mais par néces­sité vitale et poli­tique et contre les “bien­veillants” des réseaux offi­ciels — ger­ma­no­pra­tins entre autres.

À savoir tous ceux qui imposent leurs dik­tats et reçoivent pour cela des pré­bendes afin d’oeuvrer à l’émerveillements des foules qui finalement ne se réduisent qu'à quelques cénacles ou coteries).

Sont réunis ici sous un appa­rent dis­pa­rate des auteurs et artistes ni majeurs, ni mineurs mais acteurs de la poésie . Le res­pon­sable lui-même (aux prises avec une fli­ckette) mais aussi Jacques Cauda ce vieux frère, et tout ceux qui tra­vaillent la langue en pres­sions et dépres­sions : entre autres Per­rine Le Quer­rec, Jean-Luc Casa­mian, John M. Ben­nett, Alain Bris­siaud, Marie Chris­tine Menue et Domi­nique Braux. Tous sont plus ou moins réunis pour un hom­mage à Ch’Vavar qui clôt la revue que Bob Dylan ouvre par un extrait per­cu­tant de son dis­cours lu lors de la remise de son prix Nobel.


Elle est com­plé­tée par Pas­sion­dale consa­cré à deux poètes des îles bri­tan­niques : le Gal­lois Hedd Wynn à l’écriture frac­tale et vivante et l’Irlandais Fran­cis Led­wige qui accueille le lec­teur pour un émer­veille­ment là où “des fleurs humides / emplissent l’espace comme des gibou­lées”. L’ensemble est puis­sant car com­mis au nom de la néces­saire délin­quance dans la langue (et ailleurs aussi — sexe com­pris). Un fan­tas­tique retour d’un refoulé (ali­menté par la morale des reli­gions) nour­rit ces pages dont l‘appel d’air consti­tue un dan­ger suprême.

Ce qui est mis sous le car­can de l’idéologie des maîtres et d’intellectuels lits et rateurs est sabordé non par mots d’ordres mais par l’offense faite à la langue. Elle “faute” ici par actions et non par omis­sion. Cauda et son “Eve Llyne” ne s’en privent pas dans cet espace de “la grande Picar­die Men­tale” dont selon Dequesnes “Ch’Vavar a re-inventé les jalons” et dans laquelle le corps n’est jamais omis.


Nulle ques­tion de punir de telles dé-pensées ardentes. Sade le réfu­tait par avance par un sub­ver­sif appel au divin auquel il ne croyait pas dans une lettre à Gau­fridy : « Punit-on les pen­sées ? Dieu seul en a le droit parce que lui seul les connaît ». Dequesnes et ses ouailles clament la néces­sité d’un manie­ment a-nimal de la langue, de ses corps au sein même de la pré­ci­sion cruelle des détails fic­tion­nels ou quo­ti­diens et  par la liberté de retour­ner la pen­sée contre le réel pour le dénoncer.

Soudain, le lan­gage menace la loi. La cruauté des pou­voirs est mise en évi­dence par le plai­sir et l’outrage accom­plis. L’intimité inavouable est tour­née moins vers le dedans que vers le dehors dans ce théâtre ouvert de la cruauté et de la joie face à ceux qui veulent cou­vrir la voix des sans dents de la poé­sie roturière.

lundi 19 août 2024

Ivar Ch'Vavar - rêve Bercquois & expérience radicale

 

Ivar Ch’Vavar

rêve berckois

     Cette nuit, j'ai fait un long rêve, et pour une fois au réveil je me souvenais un peu des dernières séquences.

Berck — j'avais convaincu des amis de nous rendre là, plutôt qu'ailleurs (mais est-ce que cette tournure est correcte ?). J'avais une violente envie de me baigner, mais les autres étaient hésitants. Bref, nous arrivons à Berck et ils disparaissent peu à peu. Je me retrouve avec des inconnus, des jeunes, paumés (comme moi), et cherchant la mer pour y nager (comme moi). Je suis paumé parce que je ne reconnais pas ma ville, réduite semble-t-il à un « front de mer », mais vu de derrière, très large, haut, noir, et comme cadenassé, impénétrable. Nous y sommes entrés pourtant, j'ai rapidement perdu les derniers amis, il ne reste que ces jeunes hommes, qui sont tous bruns, mais de type européen. Plutôt costauds. Ils ne se connaissent pas entre eux, ils font connaissance, bougent pas mal, on en perd, on en croise d'autres (l'intérieur du front de mer est tout à fait labyrinthique, passages, escaliers, petites pièces vides comme des salles d'attente — ou plutôt... de passage, oui, de passage).

Pour se repérer un peu on cherche des fenêtres d'où on puisse voir la mer... On n'en trouve pas. J'ai dit aux garçons que j'étais Berckois, il s'avère que je suis bien le seul. On me demande des explications, je réponds que la ville a décidément beaucoup changé depuis ma dernière visite.

En fin de compte, nous arrivons dans une pièce assez large, avec de grandes baies vitrées, mais des baies bizarrement coupées, je veux dire : elles sont toutes différentes, avec des angles non-droits, obtus, aigus, des sortes de caches qui nous empêchent tout d'abord de voir autre chose que des morceaux de plage et de mer.

En tout cas ces baies sont en noir et blanc, l'image finit quand même par se stabiliser : la plage est noire, comme du goudron, coupée d'une ligne de cabines de bain aux formes bizarres, et noires — et voici enfin la mer, elle est « étagée comme sur les gravures », je veux dire plutôt qu'elle paraît verticale, et elle est d'un noir uni, épais et vivant, de bitume.

On discute : est-ce qu'on peut se baigner dans cette mer-là ? Certains sont dubitatifs, d'autres enthousiastes, impatients. Je passe pour ma part par les deux états. Il semble qu'on distingue des nageurs dans ces flots verticaux...

Mais comment atteindre la mer, et déjà la plage ? Cependant, sans comprendre comment, par des sortes de secousses, avec changements à vue latéraux, peut-être, nous nous rapprochons de l'une et de l'autre.

Le pied sur le sable noir. Se déchausser, vite, se déshabiller pour plus vite se jeter dans l'eau, l'envie de se jeter dans l'eau est devenue féroce, au moins pour moi, mais je m'inquiète de ce qui va advenir de mes vêtements, de mes papiers, de ma montre (pour la montre je ne suis pas sûr d'en avoir une, je la cherche déjà). Et puis... comment passer entre les cabines, ces cabines toutes noires, fermées... Je me réveille à ce moment-là. 

J’ai fait souvent ce rêve, d'arriver en vue de la mer et de m'en rapprocher difficilement sans arriver à l’atteindre jamais. Mais cette fois, il y a quelque chose de particulier. Le rêve est beaucoup plus marquant, appuyé. Et il y a tout ce noir.


Ivar Ch’Vavar

L’expérience radicale

L’expérience de l’être est pour moi radicale et limite. Elle se situe au début de ma vie (huit ou neuf ans) et elle reste toujours devant moi, je n’ai jamais pu la dépasser. J’ai seulement pu y répondre, quelquefois, dans l’écriture poétique.

C’est, dès le début, une expérience poétique, celle de l’impossibilité de dire l’expérience, aussi fort que soit le désir de la dire, aussi fortement que soit ressentie la nécessité de la dire. Même si je suis à cette époque (où tout commence) bien loin du moment où je vais commencer à écrire.

L’être fait partie de l’expérience. L’être est révélé par l’expérience. L’expérience est proprement celle de ce que j’appelle l’être, et de l’impossibilité d’en dire quelque chose. L’expérience est premièrement celle de la révélation de l’être : l’expérience, pour celui qui la fait, de la certitude absolue qu’il y a de l’être ; et secondement : qu’on ne peut rien en dire, et qu’il le faudrait, pourtant : qu’il le faut.

L’être ne se situe pas dans un « arrière-monde ». Quand il se révèle il est là, et il peut être tout ce qui est là. — L’expérience peut ne concerner qu’un petit morceau de mur jaune, un bâton de craie qui se trouve tout à coup être dans notre main, ou le croassement d’une corneille au début d’un après-midi... Et elle peut embrasser tout ce qui nous entoure, elle est alors celle — frappante — de l’harmonie, du merveilleux ajustement de tout ; chaque élément de ce qui nous entoure se présente alors dans son être, mais la totalité de ce qui est là, comme totalité, se présente aussi dans son être, où tous les « contraires », toutes les dissonances s’accordent.

L’être n’est jamais perçu, ressenti (il s’agit bien d’une sensation) que dans un moment de surprise, de déprise (ce peut être de méprise, sans doute), de lâcher-prise. On ne prend la plupart du temps conscience de lui qu’au moment où il va se dérober, se cacher dans sa manifestation même, dans l’apparêtre même du monde, derrière l’étant.

Le poème, dans la lecture, peut donner l’expérience de l’être : comme n’importe quel objet, au titre d’étant. Mais ce n’est pas le poème qu’on écrit ! Le poème qu’on écrit ne peut être premier, je ne crois pas que le poème, aux yeux de celui qui l’écrit, ne puisse jamais donner « la forme qui révèle l’être de l’étant ». Le poème qu’on écrit est toujours second par rapport à l’expérience radicale, et le poète ne peut jamais être sûr que son poème a saisi et rendu quelque chose de cette expérience.

vendredi 16 août 2024

Marcel Gillis

 

Marcel Gillis est un artiste peintre, chansonnier et poète belge. Il est une des personnalités belges les plus marquantes du folklores wallon-picard de la ville de Mons.

mercredi 14 août 2024

BQN 1/1. - Nabila OH - Lettre d'Alger du 6 juillet du 6 juillet 2024

 

6 juillet, Alger

Il est 00h05 à Alger et il fait tellement chaud qu'on dirait que je pourrais faire cuire un oeuf si je le cassais au sol. La météo dit qu'il ne fait que 27 degrés mais je ne la crois pas. Je ne me plains pas, j'aime beaucoup cette ambiance de sauna en plein air mais tout de même, le fait de respirer fait transpirer ici. Je pense aux incendies, aux bombes et aux fusillades, je pense à la panique des tremblements de terre et autres catastrophes, j'ai vécu tout ça et quand j'y pense ça me fait un peu relativiser ma situation actuelle. Je vous avoue qu'elle n'est pas terrible cette situation actuelle, et que ça n'aide pas tant que ça non plus de relativiser. Le plus terrible a été de perdre le contrôle de ma conscience, le plus terrible est la constante menace que ça recommence même si à chaque fois que ça recommence j'apprends un peu mieux à l'apprivoiser. J'ai vu une vidéo aujourd'hui qui se basait sur un concept de Jung " Tout ce à quoi l'on résiste persiste et tout ce que l'on embrasse s'efface. - Tout ce que nous n'aurons pas ramené à notre conscience surgira dans notre existence comme le destin ou la fatalité" je ne suis pas sûre de comprendre si en embrassant ma folie j'y résiste, elle persiste ou elle s'efface. Ma mère me dit "pour moi tu n'es pas une vraie schizophrène", les gens me disent "tu parles trop de ta folie", "les gens n'ont pas besoin de savoir", est-ce eux qui résistent ou est-ce moi ? Comment embrasser la folie sans y résister ? Je ne sais pas. Ce que je sais c'est que je ne peux pas vivre à Alger, je suis trop occidentalisée, trop folle, trop originale et certainement trop libre. Je ne peux pas vivre en occident, je suis trop africaine. Je ne suis pas la seule dans ce cas "ni de chez moi ni de chez vous" disent pnl, je les cite souvent tellement je me sens moins seule quand j'écoute cette chanson, mais embrasser l'une ou l'autre option selon où me guidera mon destin sera la solution. Jung ne croyait peut-être pas au destin, où pensait pouvoir l'éviter par la conscience. Moi, je crois comme les musulmans et Spinoza (eh oui) que tout est écrit, les dés sont jetés mes amis. Je fais ce que je peux de toute façon.

 

J'ai envie de partir d'Alger, encore, comme à chaque fois que j'y viens, et j'aurai envie d'y revenir une fois que je serai de l'autre côté, encore comme à chaque fois que j'y vais. C'est une double absence qui rend fou. A l'hôpital psychiatrique de Philadelphie il y avait une majorité de noirs, des hommes essentiellement. Même à Édimbourg où les noirs sont une minorité extrême ils étaient surreprésentés proportionnellement à la population locale. Tout le monde est fou me dit-on et j'acquiesce gentiment maintenant. Mais non, vous n'êtes pas fous les gens, vous êtes juste inconscients. Ou ignorants, vous pouvez choisir votre camp.                                                                                                                                       

Je n'arrive pas à dormir, une longue journée de traversée de frontières et de mers m'attend demain, je serai à Paris en plein JO. Je déteste ce concept idiot de jeux, d'humains-machines sacrifiés et entraînés toute leur vie pour amuser des foules passives et ébahies. Bien sûr on s'en sert pour faire de la politique, mais je préfère les mots pour faire de la politique, les mots et les idées. Pas des drapeaux ensanglantés. Je n’aime pas les drapeaux, je n’aime pas le circuler, autodéterminés et souverains. Je n’aime pas les frontières, Je n’aime pas les nations, je préfère les peuples libres de circuler mais ça n'existe pas encore ce concept. Même si ça y prétend naïvement.

Plusieurs athlètes des JO ont des comptes onlyfan pour subvenir à leurs besoins, parce que ça ne paye pas tant que ça d'être une machine entraînée. Ça ne paye pas non plus d'être artiste, mais comme dit warend les gens comme nous sont payés par bien plus que des billets. Je dis souvent que je déteste l'argent, et c'est une réalité qui vient certainement de mon vécu algérien socialiste mais aussi de ma maladie, j'aime à croire que c'est mon côté visionnaire aussi de comprendre que l'argent est le nerf du mal. Ça choque mon entourage, comme si ne pas aimer l'argent me dispensait de facto d'en avoir. Ben non, avoir besoin d'argent ne veut pas dire aimer l'argent, ça veut juste dire que je vis dans le monde réel. Et bien sûr que dès que je suis en épisode je me sens en mesure de vivre sans argent, je me détache du monde réel et ça a quelque chose de tellement libérateur. C'est pour ça que nous les fous quand on décide de vivre sans vous on vit aussi sans argent. Un jour c'est peut-être ça qui m'arrivera et je ne sais même pas si j'en serai plus malheureuse ou plus heureuse.

 Pendant tout mon séjour à Alger mon corps m'a dit non, d'abord en ayant mes règles pendant des semaines, puis par l'irruption de plaques s rouges qui démangent a des endroits de mon corps étranges. L'inconscient qui surgit dans le destin de mon corps. J'ai envie de tout envoyer balader, il paraît que j'en ai la légitimité médicale. Mais ce n’est pas vrai, j'ai une enfant et des responsabilités, alors je ferai ce que j'ai à faire comme toujours. Et je ne suis certainement pas à plaindre. Ma mère en voyant cette photo prise l'année dernière quand j'étais sous antipsychotiques m'a dit "Je ne te trouve pas belle dessus, t'es grosse et on ne dirait pas toi". Mais qui connait ce "moi" que tu prétends ne pas reconnaître maman ? Personne, à part moi. Bien sûr que c'est moi.