Outsider to my family, outsider to my country, outsider to my friends, outsider to my studies, outsider to my jobs, outsider to my activist groups, outsider to my lovers, outsider to society—I’m even an outsider in madness. And to top it all off, I was an outsider in the psychiatric hospitals I visited. Even here on Facebook, I’m an outsider in how I use it. I’m an outsider to this world, which is why, when I’m lost in my delusions, I feel like an alien. Most schizophrenics feel or talk with aliens; it’s complicated for them because they are mostly paranoid and mistrustful, seeing them as potential enemies.
In my delusions, aliens are my friends—more than that, they convince me that I am one of them. And in my delusions, it all makes sense : That’s why I’m so different, that’s why I’m so misunderstood, I’m an alien. I came to this world to make a difference, to show humanity another vision, another acceptance, another tolerance, another anger, and another conception of justice, truth, and love. I am abnormally in love with humans, and Im also abnormally detached from humans, abnormally forgiving, abnormally human. In my delusions, I’m a superhuman; in my lucidity, I’m just too different to stay lucid. Of course, we are all unique and different, but please, be honest : I’m abnormally everything. I’m an outsider.
En dehors de ma famille, en dehors de mon pays, en dehors de mes amis, en dehors de mes études, en dehors de mes emplois, en dehors de mes groupes d'activistes, en dehors de mes amants, en dehors de la société - je suis même un étranger dans la folie. Et pour couronner le tout, j'étais un étranger dans les hôpitaux psychiatriques que j'ai visités. Même ici sur Facebook, je suis un étranger dans la façon dont je l'utilise. Je suis un étranger à ce monde, c'est pourquoi, quand je suis perdu dans mes délires, je me sens comme un extraterrestre. La plupart des schizophrènes ressentent ou parlent avec des extraterrestres ; c'est compliqué pour eux parce qu'ils sont surtout paranoïaques et méfiants, les voyant comme des ennemisDans mes délires, les extraterrestres sont mes amis - plus que ça, ils me persuadent que je suis l'un d'entre eux. Et dans mes délires, tout a du sens : c'est pourquoi je suis si différent, c'est pourquoi je suis si incompris, je suis un extraterrestre. Je suis venu dans ce monde pour faire une différence, montrer à l'humanité une autre vision, une autre acceptation, une autre tolérance, une autre colère et une autre conception de la justice, de la vérité et de l'amour. Je suis anormalement amoureux des humains, et je suis aussi anormalement détaché des humains, anormalement pardonnant, anormalement humain. Dans mes délires, je suis un surhumain ; dans ma lucidité, je suis juste trop différent pour rester lucide. Bien sûr, nous sommes tous uniques et différents, mais s'il vous plaît, soyez honnête : je suis anormalement tout. Je suis un étranger.
Le 02 août
Il est 00h05 à Alger et il fait tellement chaud qu'on dirait que je pourrais faire cuire un oeuf si je le cassais au sol. La météo dit qu'il ne fait que 27 degrés mais je ne la crois pas. Je ne me plains pas, j'aime beaucoup cette ambiance de sauna en plein air mais tout de même, le fait de respirer fait transpirer ici.
Je pense aux incendies, aux bombes et aux fusillades, je pense à la panique des tremblements de terre et autres catastrophes, j'ai vécu tout ça et quand j'y pense ça me fait un peu relativiser ma situation actuelle. Je vous avoue qu'elle n'est pas terrible cette situation actuelle, et que ça n'aide pas tant que ça non plus de relativiser.
Le plus terrible a été de perdre le contrôle de ma conscience, le plus terrible est la constante menace que ça recommence même si à chaque fois que ça recommence j'apprends un peu mieux à l'apprivoiser.
J'ai vu une vidéo aujourd'hui qui se basait sur un concept de Jung " Tout ce à quoi l'on résiste persiste et tout ce que l'on embrasse s'efface. - Tout ce que nous n'aurons pas ramené à notre conscience surgira dans notre existence comme le destin ou la fatalité" je ne suis pas sûre de comprendre si en embrassant ma folie j'y résiste, elle persiste ou elle s'efface. Ma mère me dit "pour moi tu n'es pas une vraie schizophrène", les gens me disent "tu parles trop de ta folie" "les gens n'ont pas besoin de savoir" est ce eux qui résistent ou est ce moi ? Comment embrasser la folie sans y résister ? Je ne sais pas.
Ce que je sais c'est que je ne peux pas vivre à Alger, je suis trop occidentalisée, trop folle, trop originale et certainement trop libre. je ne peux pas vivre en occident, je suis trop africaine. Je suis pas la seule dans ce cas "ni de chez moi ni de chez vous" disent pnl, je les cite souvent tellement je me sens moins seule quand j'écoute cette chanson, mais embrasser l'une ou l'autre option selon où me guidera mon destin sera la solution.
Jung ne croyait peut être pas au destin, où pensait pouvoir l'éviter par la conscience. moi je crois comme les musulmans et Spinoza (eh oui) que tout est écrit, les dés sont jetés mes amis. Je fais ce que je peux de toute façon.
J'ai envie de partir d'Alger, encore, comme à chaque fois que j'y viens, et j'aurai envie d'y revenir une fois que je serai de l'autre côté, encore comme à chaque fois que j'y vais.
C'est une double absence qui rend fou. A l'hôpital psychiatrique de Philadelphie il y avait une majorité de noirs, des hommes essentiellement. Même à Edimbourg où les noirs sont une minorité extrême ils étaient surreprésentés proportionnellement à la population locale. Tout le monde est fou me dit-on et j'acquiesce gentiment maintenant . Mais non, vous n'êtes pas fous les gens, vous êtes juste inconscients. Ou ignorants, vous pouvez choisir votre camp.
Je n'arrive pas à dormir, une longue journée de traversée de frontières et de mers m'attend demain, je serai à Paris en plein JO. Je déteste ce concept idiot de jeux, d'humains-machines sacrifiés et entraînés toute leur vie pour amuser des foules passives et ébahies. Bien sûr on s'en sert pour faire de la politique, mais je préfère les mots pour faire de la politique, les mots et les idées. Pas des drapeaux ensanglantés. J'aime pas les drapeaux, j'aime pas les frontières et j'aime pas les nations. Je préfère les peuples libres de circuler, autodeterminés et souverains. Mais ça n'existe pas encore ce concept. Même si ça y prétend naïvement.
Plusieurs athlètes des JO ont des comptes onlyfan pour subvenir à leurs besoins, parce que ça ne paye pas tant que ça d'être une machine entraînée. Ça ne paye pas non plus d'être artiste, mais comme dit warend les gens comme nous sont payés par bien plus que des billets.
Je dis souvent que je déteste l'argent, et c'est une réalité qui vient certainement de mon vécu algérien socialiste mais aussi de ma maladie, j'aime à croire que c'est mon côté visionnaire aussi de comprendre que l'argent est le nerf du mal. Ça choque mon entourage, comme si ne pas aimer l'argent me dispensait de facto d'en avoir. Ben non, avoir besoin d'argent ne veut pas dire aimer l'argent, ça veut juste dire que je vis dans le monde réel. Et bien sûr que dès que je suis en épisode je me sens en mesure de vivre sans argent, je me détache du monde réel et ça a quelque chose de tellement libérateur. C'est pour ça que nous les fous quand on décide de vivre sans vous on vit aussi sans argent. Un jour c'est peut être ça qui m'arrivera et je ne sais même pas si j'en serai plus malheureuse ou plus heureuse.
Pendant tout mon séjour a Alger mon corps m'a dit non, d'abord en ayant mes règles pendant des semaines, puis par l'irruption de plaques rouges qui demangent a des endroits de mon corps étranges.
L'inconscient qui surgit dans le destin de mon corps. J'ai envie de tout envoyer balader, il paraît que j'en ai la légitimité médicale. Mais c'est pas vrai, j'ai une enfant et des responsabilités, alors je ferai ce que j'ai a faire comme toujours. Et je suis certainement pas à plaindre.
Ma mère en voyant cette photo prise l'année dernière quand j'étais sous antipsychotiques m'a dit "je te trouve pas belle dessus, t'es grosse et on dirait pas toi". Mais qui connait ce "moi" que tu prétends ne pas reconnaître maman ? Personne, à part moi. Bien sûr que c'est moi.
Connais toi toi même d'abord, avant de parler de moi. Et ce n'est pas à ma mère que je m'adresse mais à vous tous.
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