mercredi 6 août 2025

BQN n°5 - page 7 : "EFFUSIONS MULTIPLE", un écrit d'Amandine Testu d'Amiens en Grande Picardie Mentale, le dessin "Le passage de la cométe" est également d'Amandine qui a été chez les Inuits .- Illustration musicale : "Inuit Music".




Effusions multiples et froissement à répercussion.

avec souplesse et une franche étourderie,

- sans pourtant remarquer l’effet de ce tournis, ce n’était pas comme lorsque les pieds s’agitent se

remuent se rejoignent cherchent à se dépasser l’un l’autre en suivant des courbes.

avec souplesse et une franche étourderie,

s’ouvre une échancrure d’une dorée lumière.

- déjà, se tenir là – dans l’embrasure, devant un meuble,

- déjà le meuble bascule, il semblerait qu’il s’effondre.

pour en être certaine, il faudrait pousser la lourde étoffe couvrant la fenêtre mais alors le rai perdrait toute sa

finesse, et l’allure basculerait comme tourniquet,

ou bien regarder ailleurs, mais, sur la chair, ce fauve sans corps.

- déjà, la lumière s’agite.

elle frappe, joue des coudes,

titube, tonne,

les fauves à toute allure s’emballent,

les rayons s’étalent,

alors, dans l’interstice, pousser légèrement le rideau entrouvert.

Le soleil darde ses imposants rayons. A ce moment, il cherche des subterfuges à son allure quotidienne, se

concentre tant qu’il rougit avant l’ouest, s’essouffle, perd haleine, sue à gros rayons, s’emmitoufle d’une ardeur

inappropriée, se sent flancher, étourdi lui aussi, ne souhaite pas abandonner pour autant, ça perle de plus en plus

intensément, ça broie sa carcasse, qui s’effrite, son ossature part en lambeaux, croule loin de la forme sans s’en

détacher pour autant. C’en est déjà trop pour l’astre au comble de l’essoufflement. Il reprend haleine, rassemble

ses disjointures, râle un bon coup en soufflant fort.

Je me souviens du guéridon qui basculait, il a à présent complétement disparu.

D’ailleurs, l’entièreté des meubles avait été retirée avec une minutieuse méticulosité.

-avaient-ils oublié leurs gants ?

- et si nous en revenions à la très crue luminosité ?

- ce soir sera l’alignement, ce soir sera le tourment, le toupet, la houppe ou plutôt la huppe.

- cette mèche-là, de côté, de travers, sera effilochée.

Froissement des drapés, évanouissement des plissures, bâillement de l’étoffe,

Leur teinte a changé durant la cacophonie solaire, et eux n’ont pas disparu.

Le rideau, le pousser d’avantage.

Des lunes phosphorescentes transpirent, se noient sous leurs cratères, se sont laissées envahir par la brume

solaire, sans frémir. En cette matinée, la lune n’était plus seule mais bel et bien accompagnée de ses semblables,

multipliée donc la lune est plusieurs, du nombre de quatre pour être exacte, parfaitement alignées, et se moquant

beaucoup des porte-manteaux, des chaises, des tiroirs et de tout ce qu’ils pourraient contenir s’ils n’avaient pas

disparu, d’ailleurs, si ça se trouve elles les ont fait tiédir jusqu’à évaporation et ainsi absorbés. C’est vrai qu’ils

avaient des faces bien rondes, les déménageurs.

Inspiré par les fallacieuses lunes, le soleil de nouveau se concentre, pense à une vaste plaine, hurle un bon coup,

lance ses troupeaux aux pattes robustes, se débat, cherche à se pencher de ci de là, ne parvient pas à se désaxer,

alors, par élans, se projette, sans aller nulle part, cherche à accélérer sa rotation, en vain, cherche un corps contre

lequel se frotter, mais il n’y a rien par là-haut où il s’est planté, enfin, il y a bien les lunes mais si lointaines, il

pense de nouveau à la plaine si étendue qu’elle semble dépourvue de bordure. Ça y est, il a chaud, sue, cherche

toujours à se mouvoir dans des directions anormales, ça l’échauffe d’autant plus. À force de suer, des morceaux

de sa carcasse trépignent et cette fois-ci, bien que de nouveau à bout de souffle, ne le reprend pas, s’entête, et

tiens donc, hé oui, tiens, ça y est, un premier bris se détache _

ça ne créé pas un autre soleil, ça tombe _

ça arrive là, précisément sur l’étoffe dont les mouvements d’ouverture et les accueillements de lumières nous

intéressent beaucoup.

le rideau s’enflamme instantanément.

- décidemment, l’accoutrement général est complétement de travers.

- de travers pour faire diversion, de travers comme à l’embouchure.

- à grands sceaux, ça dure peu, l’ardent

- à présent la lumière fait des flaques, ça déborde, ça suinte, ça se prend pour d’étendus lacs, si bien que les

serpillères viennent à manquer.

le monceau de rideau arraché à l’étreinte de la comète solaire les rejoint, achève l’absorption.

Au-dedans de cette pièce nue ayant laissé passer flammes, fleuves, flaques, fauves, farces et le dédale des

luisances,

- où si des visiteurs s’étaient présenté ils auraient certainement déposé sur le sol un peu cramoisi leurs

manteaux, capes, fourrures, leurs peaux usées, leurs parapluies, une boursoufflure se détachant

facilement, des cils retroussés. –

subsiste le visage, demeure le regard.

Amandine Testu.

Le passage de la comète - dessin d'Amandine Testu. 

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