Clairière classée X à l'extinction des gosiers
amourachés de la cambriole qui claque au vent, ventouse bouffant la messe
onirique des sauciflards du Germain intérieur, organe craché dans les
démangeaisons d'un orgue nu qui ne sait jouer que le samedi midi devant un bon
bifteck, affirmation de l'érection cosmique, une partition de grimaces au kéfir
se joue entre une galipette maboule et un cri cru d'enfant sous stéroïdes,
anxiété sur la moustache des ressemblances qui cogne en drogue carnique sur les
fessiers torrentielles du coq hardi, bistrotflottant sur
Bray-dunes, dunes lunaires qui s'allument sur une brèche de sang durci par des
variations de Chopin, Chopin abject et terriblement mort dans une menstruation
d'expérience verglaçante, verglas sur les entités crachées de l'ultime flingue,
flingue aux yeux du siècle en pleine déroute musculaire, musculation
obligatoire pour des exemples de cartable qui absorbent le sein blafard de la
terre en sueur, agneau invisible sur la cime dorée de la première éjaculation,
essence brûlante, coup de poings dans un whisky d'étincelles pures, pureté de
la langue camouflée dans un treillis de GI triste, génie aux engins précieux de
la génisse équatoriale, équation certainement enterré dans l'acrostiche qui
refuse de s'écrire, là-bas vers le débutflottant sur
Bray-dunes, dunes lunaires qui s'allument sur ue brèche de sang durci par de
variations
de Chopin, Chopin abject et terriblement mort dans une menstruation
d'expérience verglaçante, verglas sur les entités crachées de l'ultime flingue,
flingue aux yeux du siècle en pleine déroute musculaire, musculation
obligatoire pour des exemples de cartable qui absorbent le sein blafard de la
terre en sueur, agneau invisible sur la cime dorée de la première éjaculation,
essence brûlante, coup de poings dans un whisky d'étincelles pures, pureté de
la langue camouflée dans un treillis de GI triste, génie aux engins précieux de
la génisse équatoriale, équation certainement enterré dans l'acrostiche qui
refuse de s'écrire, là-bas vers le début...
...un être doux et terrible, un être en cluster et en cris de geste originel...
Clairière
classée X pour le retour d’Amy Hendrix
par Michaël
Potier
*******************
Michaël Potier alias Potier Mort est né, à Lille, en 1974. Fabriquant de fanfares sombres, de démonstrations en tout genre, de dessins-sarcophages etd’écriture-alien, Michaël Potier vit à Lacouture dans le Pas-de-Calais, petit village enclavé entre la Flandre artésienne et du bassin minier.
Le ‘travail’ de Potier Mort se situe entre Dada, l’Art Ensemble of Chicago et la folie trash de Jean-Louis Costes ; il écrit, dessine, improvise de la musique avec divers instruments, il se déguise ,crée ce que l’on peut nommer des installations/mises en scène qu’il offre à voir sur internet. L’univers de Michaël Potier s’inscrit dans l’art brut le plus pur, résolument singulier et, peut-être, punk.
C’est volontairement que Jean-Luc Galus a écrit le texte qui suit sans ponctuation et que
l’on peut recommander de lire et relire à haute voix pour finir par le
penser comme un fleuve qui s’écoule...
Part 1. - Je suis né un 16 octobre
comme Big Joe Williams – le blues man – Big Joe Williams toute sa vie a voyagé
dislocation écartèlement renaissance il y a tant de souvenances sonnantes et
trébuchantes sur les routes bétonnées millésimées mille neuf cent soixante-deux
dans l’Ariane vers l’Auvergne je vais à petit feu dans un hiver de dômes gelés
je suis le carburant de ma mémoire qui racle jusqu’à la pierre le gris l’ocre
et la terre remembrent un paysage en perpétuel changement comme sur les routes
de Belgique les plaques bétonnées aux joints sombres et saccadés le cahin cahotant
du train que je suis sur les plaques millésimées juin à septembre mille neuf
cent soixante et un dans le col de la Jubaru de soubresaut en haut je pousse
carcasse et vélo rejoindre la pesanteur de mes grands-pères gens de la terre
mineur agriculteur ce que je farfouille des fragments fragiles et volatiles la
neige ne tient pas là où la mémoire est à vifs je suis à la trace les hivers du
Queyras les cascades gelées dans la haute vallée attachée liée à des paysages
que j’avais semblant d’oublier l’île Calot près de Carantec sur le bras de mer
sinueux serpent (noirte) le pont près de la corde et le temps pendu roulé le
long des côtes de la Bretagne - cabotage pluvieux dans la Super-Cinq – pour
quelques mots d’une chanson de Philippe Léotard… une vie constituée de pièces
rapportées comme les mains d’un assassin cousues au pianiste à la folie
cahin-caha tout vouloir reconstruire comme Big Joe Williams sur le tard il
utilise les royalties de Baby Please Don’t Go pour s’acheter un
mobil-home qu’il fixe sur un lopin de terre encombré de voitures déglinguées
tablette en rotin sous laquelle il loge son ampli raccommodé je suis aussi un
peu partout des éraflures des éclats de scotch translucide et des fils enroulés
rafistolé comme Big Joe Williams – le blues man – musicien migratoire ses
guitares bricolées de vieux instruments avariés une boite à cigare un manche à
balai semaine claudicante des heures des morceaux comme s’il manquait des
pièces au puzzle où voudrais-je aller ? trouver la plage…
Part 2.
- ...des grandes gifles de vent froid des cornets de lumière arrosée de coulis
anthracite des rues en perspective cavalière chenal venteux des recoins
décalqués de toiles d’Edwaed Hooper des façades poissées dechiures blanches là où des
volatiles avaient niché dénicher à fond de cale la mémoire raclée sur les
rochers dans dans les îles venteuses des Cyclades le trajet est prévisible il y
aura les routes comme des toboggans de montagnes russes les arachides offertes
sur le comptoir de l’épicerie de Fodélé levillage de Dominicos Théotokopoulos
El Greco les moulins à vent par dizaines sur le plateau de Lassithi les chats
écaille de tortue dans les rues pentues de Naxos le sable noir de Santorin je
serai là où l’incendie est le plus vif… Peut-être dans le blues de Big Joe
Williams qui lui est mort (enfin voyageur immobile)… … - moi, pas encore – sa
pierre tombalefinancée par une collecte. Big Joe Williams toute sa vie a
joué de divers accessoires de ménage un intre métallique autour du cou pour
tenir un kazoo kit main libre avant l’heure !... un mobil-home qu’il fixe sur un lopin de
terre encombré de voitures déglinguées tablette en rotin sous laquelle il loge
son ampli raccommodé je suis aussi un peu partout des éraflures des éclats de
scotch translucide et des fils enroulés rafistolè comme Big Joe Williams – le
blues man – musicien migratoire ses guitares bricolées de vieux instruments
avariés une boite à cigare un manche à balai semaine claudicante des heures des
morceaux comme s’il manquait des pièces au puzzle Pour jouer de la guitare Big Joe Williams
va au charbon 3 molettes sur la tête de la Silvertone et du câble pour creuser
la gamme… chevalet que parcourent ses doigts boudinés. Certains disent que Big
Joe Williams ressemble à une grosse baleine ! Il suffit d’observer les
armoiries tracées sur la caisse de sa Sovereign son rafiot en bout de course en
aristocrate harponneur 3 pointes plantées au sommet de la tête pour les 3
cordes supplémentaires. Vieille coquille de noix ?! Le Delta Blues Museum
ne possèderait qu’une guitare 12 cordes utilisée dans ses derniers jours à
Chicago sous le comptoir Jazz Record Mart vous trouverez peut-être la guitare 9
cordes de Big Joe Williams !?! Nous
sommes nés un 16 octobre.
***********
Johanna Vangheluwe alias Johanna
Cowpunk d’Ostende.
Johanna Cowpunk vit à Ostende avec son Johnny qui collectionne
les guitares, plus d’une centaine !, il en a fabriqué certaines avec des éléments
de récupérations dont des boîtes à cigares et Johanna en a décoré certaines, de
manière très psychédélique. Johanna peint, dessine et réalise des collages,
quotidiennement, et elle mixe les techniques.
L’univers du lieu où vivent Johanna et
Johnny, avec John, leur chien, est indescriptible, un haut lieu, secret comme
une caverne d’Ali Baba, de l’art brut vivant, blues aussi et plein d’autres
choses.
- Paper Roses -
- Tout ce dont vous avez besoin -
- Happy Birthday Edzyhr -
- I'm Not At Home !! -
**********
Jean-Luc Galus alias Dys-orienté vit à Sainghin-en-Mélantois (Nord de la France), il est autant passionné par le cyclisme que le blues la culture rock et l'écriture.
Il vient de finaliser un album sonore "Retour des fantômes" sur la base de ses textes qu'il récite et que vous pouvez écouter via===>
projet
d’écriture en cours … deux auteurs : Anne Letoré &
Christoph Bruneel
ici suit le texte
d’Anne Letoré
UN RÊVE DANS LE VENT
Un
vent puissant me poussait dans la descente. Roulée en boule je dévalais mes
rêves sans attache.
Des
rêves où s’entremêlent des personnages difformes, plus exactement déformés par
un miroir magique. Un miroir dont le fin cadre d’aluminium se tord en dizaines
de côtés. Chaque partie touchant le côté est un miroir indépendant. Une face
fractale ou mes rêves se reflètent, comme autant de gouttes de pluie sur la
surface d’une rivière gelée. Chaque goutte dévale, suit un courant immobile,
roule jusqu’à la mer où elle épouse une vague attendue.
Dans
mes rêves, la houle s’enfle au fur et à mesure de la tempête, du sillage d’un
navire, de l’atterrissage d’une mouette.
Mes
rêves. Jamais à l’heure. Alors, le tambour du temps bat, bat comme un joggeur
court le long des allées du parc, toujours le même parcours, les mêmes foulées,
les mêmes coups sur la terre du chemin.
Rêver.
Verre. Un rêve s’agite derrière le verre de la vie, toujours déformant. Parfois
envie de prendre un marteau et de casser les rêves, de briser les miroirs,
d’effacer les images. Mais où trouver un tel marteau ?
Alors,
je cours, comme le joggeur, inlassablement suit le même chemin, jour après
jour. Mollet bandé, bras articulés, cou tendu, le regard fixe, droit devant.
Puis…
La
chute. Rouler dans la poussière du chemin, le corps en sueur, ça colle comme le
sable ancré dans la serviette de bain. Va-t-il se relever ?
Je
m’approche du joggeur. Sa poitrine se soulève. Il vit. Me voit-il ? Son
regard me fixe comme il fixe le bout de sa course, dans le vague. Son téléphone
sonne. Il ne bouge pas. Je m’agenouille, ramasse son portable éjecté lors de la
chute, appuie sur le bouton vert.
—
Allo ? me dit à l’oreille une voix que je ne saurais qualifier ni
masculine ni féminine. C’est comme la voix d’une chouette, grasse.
—
Oui.
—
Qui êtes-vous ?
J’appuie
sur le bouton rouge, me relève et poursuis mon jogging, mollet bandé, bras
articulés, cou tendu, le regard fixe, droit moi. Quand viendra ma chute ?
Je
quitte le chemin, reprends mon souffle et ma marche. Courir n’est pas mon fort,
même en rêve.
Le
jour commence de tomber. Les oiseaux commencent leur nocturne. Je suis assise
sur un banc de bois verdi, au bord du lac. Quelques poissons s’aventurent en
surface à la recherche d’insecte peut-être, ou pour voir qui s’est assis sur le
banc. Je peste en me rendant compte que j’ai oublié mon livre. Disant cela, je
m’allonge sur le banc. Un objet vient de tomber. Je me redresse et me
penche : c’est un livre sans couverture, un livre format poche. Je le
feuillette. Il est très humide. Sur chacune de ses pages une photo d’eau, lac,
océan, rivière… Je me rassieds et m’adosse confortablement au banc. Malgré
l’arrivée de la nuit, je vois parfaitement dans le livre, ainsi je peux lire
les légendes sous les photos. Mer d’Aral. Océan Pacifique. Yser. Lac Tanganyika.
Quels voyages en quelques secondes ! Du bout de l’index je suis les
contours d’un lac, le friselis des vagues, le reflet argenté d’une rivière… et
ne me rends pas compte que l’eau du lac déborde et vient se lover à mes pieds.
Happée, subjuguée, hypnotisée… autant d’horribles mots pour décrire mon état
second. Je voyais réellement bouger l’eau, comme si j’étais dans le paysage de
la photo. Et toujours cette impression de descente vertigineuse, sans prise
aucune. Une autre impression : je suis dans une bulle, une énorme bulle
lourde, épaisse, glaireuse. Je m’y agite, non pas désespérée, mais comme si je
participais à une danse élaborée. Les parois de la bulle sont si épaisses
qu’elles me protègent de la forme sombre, un ovale incertain, qui s’approche ;
par contre, je distingue nettement une énorme cavité centrale qui s’agrandit
plus elle vient vers moi. Je décide de ne plus bouger, de faire la morte…
Stratagème inutile : la forme vient de percer la bulle. S’en échappent des
jets de liquide rouge qui m’entraînent vers le fond. Inerte, je me laisse
porter. Comme un fétu de paille dans la tempête. Comme un ruban sur la crête
des vagues. Comme un mot d’amour oublié dans des mémoires qui s’oublient.
L’ovale
vient de m’engloutir.
(Tangerine Dream - Phaedra (Edgard
Froese - mellotron / guitare basse / vcs3 synthétiseur / orgue, Chris Franke
-Moog synthétiseur / claviers / vcs3 s
A, Peter Baumann - orgues / piano électrique / vcs3 synthétiseur / flûte)(Virgin
V 2010, décembre 1973 - vinyle)).
*******************
Anne Letoré, pour l'état civil, est née le 26 juin 1959 à Amiens (Picardie - France).
Pour l'écriture : seule ou à quatre mains, elle écrit dans l'intimité du texte. Chaque mot est posé, chaque image réfléchie, miroir de son imagination. En publication isolée ou collective, elle lance ses mots comme autant de papillons épinglés, pris dans le vif de leur élan.
Écrire l’inattendu, décrire le sensuel, dialoguer les sentiments qu’ils soient feutrés autour d’un thé ou rêches, inventer des histoires à dormir debout ou à deux couchés, créer des ambiances à frissonner de plaisir ou de peur, voici quelques-unes de ses lignes d’écriture.
En dehors de l’écriture, elle aime la rencontre et le dialogue de l’ « après lecture », un moment privilégié où les mots échangés se fondent au plaisir de la découverte de l’autre.
Pour la passion : en 1999, elle crée une maison d'édition tournée essentiellement vers le livre d'artiste et la reliure de création : L'ÂNE QUI BUTINE.
En 2000 sa rencontre avec Christoph Bruneel, relieur et restaurateur de livres, a été déterminante quant à la poursuite de cette activité qui, de loisir occasionnel, est devenue une ligne de vie personnelle.
Cette micro-édition transfrontalière (France - Belgique) aux recettes B.I.O. (Bel Imaginaire d’Origine) a publié des auteurs de France, Belgique wallonne et flamande, Québec, Suisse…).
À cette activité d’édition s’ajoute aussi l’organisation d’expos, de lectures à thèmes, d’ateliers d’écriture, de reliure, de présentations de la micro-édition...
Marcel Gillis (1897 - 1972) est un artiste peintre, poète et chansonnier belge.
Il est une des personnalités les plus typique de la vie folklorique de Mons où il est né et a toujours vécu ; et dans la déclinaison du picard local, il a écrit, chanté, enregistré la vie de sa cité.
Élève de l'académie des beaux-arts de Mons, il crée en 1929 le groupe Les Loups. Il fut aussi membre du cercle Bon Vouloir et conservateur du musée des Beaux-Arts de Mons entre 1928 et 1965.
- Autoportrait (1937) de Marcel Gillis -
Ducasse
de Messine – Extraits.
Les clochers d’Mons sont indormis, indormis,Les pierrots sont sans feu dins leus nids ; L’Château
cante ène note in or,Dins l’gris du ciel, puis s’rindort ; Enne lanterne dé procession, N’sounette
dins l’brouillard d'Hyon,Vont l’long d’La
Trouille presque au bord,Porter l’Bon Dieu à ein mort.L’rosiau salue au bord dé l’iau...
...Ducasse dé Messine, Miraque
sans pareil :Promière mandarine Tout spittée d’soleil ; Promière
hirondelle,Promier
coin d’ciel bleu, Promière
béeche pou lz-amoureux !...
(traduction française)
La fête foraine de Messine Les clochers de Mons sont endormis, endormis,Les pierrots sont sans feu dans leurs nids ; L’Château
chante un note en or, or,Dans le gris du ciel, puis se rendort ;Une lanterne de procession, N’sounette
dins l’brouillard d'Hyon, d’Hyon,Vont le long de La Trouille presque au bord, Porter
le Bon Dieu à un mort. mort.Le roseau salue au bord de
l’eau...
...Fête foraine de Messine, Miracle sans pareil : Première mandarine Toute éclaboussée de soleil : :Première hirondelle, Premier coin de ciel bleu, bleu,Première bise pour les amoureux.
Philippe Lemaire habite à Neuville d'Ascq, et non Villeneuve d'Ascq comme le rectifierait Ivar Ch'Vavar, c'est un sacré collagiste ; également il écrit et il anime La Nouvelle Revue Moderne dont on peut dire qu'elle est fortement surréaliste et dont on vous recommande de consulter le site via===> ===>La Nouvelle Revue Moderne. Une nouvelle revue de littérature. La N R M . (free.fr)
À m’vir in route à m’érnicheu din chu sabe pi à rbéyeu chés nuages, des noérs, des blancs et pi dz’agachès, à doù qu’dérriére chu solé il est muchè, à m’vir in route à acouteu chés vagues et pi chés bétes éd mér crieu tout partout in tornant au dssu d’ém téte adossèe à un piot mont d’sabe point pu heut qu’un cavet d’pleumes, oz aveu advinè qu’j’én’sus point leu in route à réveu in acoutant mes gveux pousseu. Non. Éj’sus t-in route à m’ramintuvoér chu temps quante, à pieuds décoeux, j’évnouos à la mér mouilleu m’pieutes djiboles din cho ieu, chu temps d’un temps, quant éch’picard din ch’temps leu, il étouot conme quante apreu la mér al avouot déchindu et pi qu’chés mots i s’ avoai’t seuvè tortous aveuc elle. Éch picard à ch’ momint leu i passouot pour un « territoire du vide ». Dz’autchuns i disoai’t qu’i y avouot un Gros Matcheu din cho ieu, un aglavè, un Léviathan, qu’i zz’avalouot tortous, chés mots. Dz’eutes, i pinsoai’t éq chés mots i n’érvénoait point pasqué parsonne i n’avouot l’édzir éd zzés wardeu . O n’o jamouais bien seu. Énhui, a n’est mie l’meume chose. Ch’Picard, achteure, il est conme la mér qu’al monte (et pi quante la mér al monte, o n’o pu honte, pu honte), ch’Picard i cirtchule doù qu’i veut, i navigue tout partout conme chés bétes éd mér au dsu d’ém téte, il est din l’monne intieu, ichi et pi leu, i vient meume jusqué din chl’intarnète mileu su cht’écran. Ch’Picard, énhui, ch’est li chl’aglavé, il o chl’invie, miu qu’eu, il oa chl’édzir , chl’édzir d’éch rivage. L’édzir d’érvérnir s’érnicheu, leu, din chu sabe, aveuc tous chés gins conme mi qu’i peut’t infin rposeu leu téte aveuc fiate din leus gveux et pi d’érbéyeu dvant eux , cla mér qu’al monte. Et pi qu’al déchind. Sans freu.
Jacques Cauda d’Pèris.
(traduction)
Le monticule de sable
À me voir nicher dans le sable en regardant les nuages, noirs, blancs et
noir et blanc, derrière le soleil. À me voir en train d’écouter les vagues et
les petites bêtes et les créatures marines tournant au-dessus de ma tête
appuyée contre un monticule de sable pas plus haut qu'un oreiller de plumes,
vous avez deviné que je n’étais pas en train de rêver en écoutant mes yeux
pousser. Non. J’étais en train de me rappeler le temps quand, les pieds nus, je
venais à la mer mouiller mes jambes dans l’eau, le temps d'un temps jadis, quand
le Picard ressemblait à la mer quand elle était descendue et que les mots s’étaient
envolés avec elle. Le Picard à ce moment-là passait pour un territoire du vide.
Certains disaient qu’il y avait dans l’eau un Gros Mangeur, un affamé, un
Léviathan, qui avait avalé tous les mots. D'autres pensaient que les mots ne
revenaient pas parce que personne n'avait eu le désir de les garder. On ne savait
pas trop. Aujourd'hui, ce n'est pas la même chose. Le Picard, aujourd’hui,
c'est comme la mer qui monte (et quand la mer monte, on n’a plus honte), le
Picard circule où il veut, navigue partout comme ces animaux de mer au-dessus
de ma tête, il est dans le monde entier, ici et là, il est même sur Internet. Le
Picard, aujourd'hui, c'est lui le goinfre, l’affamé, le désir, le désir du
rivage. Le désir de revenir se nicher là dans le sable, avec tous ceux qui
comme moi peuvent enfin reposer leur tête dans leurs cheveux et regarder devant
eux la mer monter. Puis la regarder descendre. Sans crainte.
- Soleil et chair* -
de Jacques Cauda
* [...] Le grand fourmillement de tous les embryons ! Et tout croît, et tout monte ! [...] - extrait de Soleil et chair (1870 - Les cahiers de Douai) d'Arthur Rimbaud 1870.
***********
Jacques Cauda, passionné notamment par Arthur Rimbaud et le jazz, est un artiste très actif peintre, écrivain, poète, éditeur, photographe et documentaliste français. Son oeuvre est très dense et le spectre de son inspiration, les spectres de ses inspirations, peut-on même décrire, sont très larges.
Il a créé un nouveau courant pictural : le mouvement surfiguratif dont il a exposé les grandes lignes dans un manifeste Toute la lumière sur la figure, éditions Ex Aequo, paru en 2009.
En mai dernier quand pour la première fois, je suis allé à Tervurenrenco, j'y ai rencontrer Kloot Per W 'dans le cadre d'une exposition de ses peintures qu'il organisait chez lui ; Dés mon premier regard, un dessin pastel de Kloot Per W a retenu vivement mon attention car il m'a plus que rappeler un poème d'Ivar Ch' Vavar, il m'a comme 'projeté', à nouveau, dans "Lucie à ‘p plaje/Lucie à la plage"... Je suis rentré à Douai, chez moi, avec ce dessin-pastel sans titre mais sachant que Kloot Per W aime beaucoup The Beatles*, je l'ai nommé "Lucy Duciel à la plage".
'Lucie à ‘p plaje' que je connais depuis 2001, peut-être même avant, est un poème qu'Ivar Ch'Vavar affectionne tout particulièrement et qu'il a composé initialement en picard berquois, la langue de son enfance, et en vers arithmonymes** (contrainte qu'il a 'inventé'). La revue de poésie occitane "OC"***, en juin 2023, dans son n°145 a consacré plus d'une trentaine de pages à la poésie picarde et avec des textes écrits dans cette langue que Bruno Peiràs a traduit en picard et dont nous donnons la version, ici, à la suite et en final.
Lucy Duciel à la plage
dessin aux pastels de Kloot Per W
*******
Ivar Ch’Vavar
Lucie
à ‘p plaje(picard de Berck)
1.
Oùstoùt, li i ll’aù vu, solé. Li preunme. I s’épiènnhe, i s’ébreulhe, li aviuke, i Prind sn’éscar ed gairgoènne ! – o wét s’loutchète.
Ale ét laù — ës’n orteu su
ch’règhe intàr Ech fu d’déwor — pi ch’brun d’inndin :Éle
ale ét laù granne, hœte come é’s ciél.
Os sranmes dés
puches-ed-mér inchpèes à sœtir, ô cui ! Ô cui pou’c camuché, sroét-ti qu’nos zius —N’sroét-ti
qu’no eulh. — Ô, boin rincuin.
Os
juanmes é-pi os jouglanmes — su ché’g granne plaje Oz àrbéyanmes ech doù
l’amérie. Cri.anmes no cri D'cachouris dech lu. Éclichès d’àgulhes ed
plézi.
Os mouchlinanmes é’s sape, maflès d’:ète djè. Ech Mélliton dech solé i érifloét chéle lènnhe d’œrèlhes.Tchi à ‘m mér, din l’ondeur si boènnhe,
Ciél —. Ghérblès d’ér, oullonnès d’leumiére, eule bénite, Ché'c caleur nouz avind duska chl’où — noz aronsI glich’të yon sur l’œte din l’afale
Dech’l eure — i lù frot’t’ pi i lù toulh't'. Su chl’Ésplanade o wét chés wétures cœdes, milantes, Silinche ed brouits ; chés patarafes i
inwè’t’ lùz àrfléts.
Qu’tu nous doraù ack
ët’ pàrzince — rincuinèe ëtPàrzince pairade ! — mé o ‘s sèt, éstricitè d’:ète, Niflète-gri,
tcheu.ète ed tcheudes, grèfe ed filannes, vènnhe
Dech’l échufëlmint - o
‘s sèt, mairche, eque ti tu N’sè point à-rièn, candèlhe dech’l étè — àrbe àrbèKmint qu’os sanmes, grons d’plonb, tcheurs coéyoutès-
Atcheu.èes
dégavéllèes-déssoulinèes d’jins — os pourons... os pourons... Os milons téz infourkes ed jean — os sanmes cairpièsPair ët’ cavlure — quantt ale
passe su ché’p plaje —
À ch’pékamouke ed tin
péraje inochint — os nous Trondlons din ‘p poùrtchrie dë t’bieultè — ô, touiyoù Os mairchons din tin brin-d’œrèlhe — os vnons,s'pétché
D’no vie, trinche ed no
vie, ti, troéyéle Ed no vie, wadjie d’no vie, tchèsse ed No vie, tchainve ed no vie, ganne ed no
(en vers arithmonymes de neuf :
tous les vers « font » neuf mots)
(version française)
LUCIE
À LA PLAGE
1.
Tout
de suite il l’a vue, lui, soleil. Lui premier. Il s’arrache les cheveux, les viscères, lui aveugle, il Prend son élan de gueule ! — on voit sa luette
Elle
est là — son orteil sur la règle séparant Le feu du dehors — le sombre du dedans. dedans.Elle, elle est là grande, haute comme le ciel.
Nous serions puces de sable empêtrées à sauter, ô angle ! Angle aigu où cacher, ne
serait-ce que nos yeux — Ne serait-ce
que notre œil. — Ô, bon rencoin.
Nous jouions et nous chahutions — sur la
grande plage. Nousregardions le dos de la grosse vague. Crions nos crisDe chauve-souris de pleine lumière. Éclaboussés d’aiguilles de plaisir.
Nous chiffonnions le sable, essoufflés
de gaîté. Le Mirliton du soleil éraillait la ligne d'oreilles. D'ici à la mer, dans l’odeur si bonne
Sous
le ventre balancé des mouettes — quelle effervescenceDe prières ! oh ! comme les couleurs filaient vite !Le bleu du ciel envahissait le bleu du
Ciel
—. Criblés d’air, hannetonnés de lumière, huile bénite, La chaleur nous atteint
jusqu’à l’os — nos ailerons Glissent
l’un sur l’autre dans la profondeur
De
l’heure — ils se frottent et se confondent.Sur
l’Esplanade on voit les voitures chaudes, brillantesSilence de bruits ; les enseignes envoient
leurs reflets.
Elle,
d’où s’est-elle extirpée, par Quel corridor sombre qu’elle aura suivi sommeillant-somnolant - quelle secousse la voilà, rafale de sommeil ?
2.
Ô, visage de jonquille, peau de cire, cœur égoïste
—Lucie, crémaillère
de nos nuits, neige de flocons de Lucie, Raisin du vagin, rang de méduses, miroir éteint, toi —
Tu
es sur le pli — tu fais le pliage — Un fétu de soleil dans l’œil — roue, boucleDe notre décrépitude — par quoi nous sommes cousus dans
Un linceul d’iode — pourquoi nous pleurons sur les
plaques D’ombre du sable — ô, chevilles aveugles — ensevelissement, toi,Engloutissement — ce ne seront que merveilles sombres
Que
ta présence nous donnera — rencoignée, ta Présence,
à l’étalage ! — mais on le sait, électricité d’être,Narine-griffe, nuque de coudes,
tibia de filaments, veine
Du
rétrécissement — on le sait, va, que toi tu ne neSais rien, chandelle estivale — regardeComme nous sommes, girons de plomb, cœurs caillés -
Files humaines dépoitraillées-délitées — nous
poudroyons... poudroyons... Nous lorgnons ton entrejambe de jean — nous sommes cardés Par ta chevelure — quand elle passe sur la plage —
Nous marchons dans ton cérumen — nous venons nous pendre Au papier tue-mouche de ton étalage innocent — nous nous Vautrons dans la porcherie de ta beauté
— ô, tuyau
De
nos vies, tresse de nos vies, toi, truelleDenos vies, nausée de nos vies, caisse de Nos vies, chanvre de nos
vies, jaune de nos
Vies
— par le bec de l’Orphie, par la baie Del'authie — par la tétine du bleu du ciel —Lucie
viendra — Lucie viendra — Lucie viendra.
(version occitane de Bruno Peirà de la revue 'OC')
LUCIA
A LA PLAJA
1.
Sul
còp l’a vista, el, solelh. El primièr.S’arranca los pels, las tripas, el eissorbat, Pren vam de gula ! s’i vei lo gargalhòl.
Aquí
es, ela - son artelh sus la règla que dessepara dLo fòc del defòra - lo sorne del dedins.Ela, aquí-la granda, nauta coma lo cèl.
Seriam
piuses de sorra empantenadas a sautar, ò l'angle ! Angle agut per i
amagar, e mai pas que los uèlhs -E mai pas que l’uèlh nòstre. Ò, lo bon recanton.
Jogàvem
e rambalhàvem - sus la plaja granda.Agachàvem
l’esquina de l’ondada bèla. Cridàvem nòstres piuladisses De ratapenadas de plen lum. Esposcats d’agulhas de plaser.
Agorrufàvem
la sabla, lo gaug nos desalenava. Lo Mirliton
del solelh grafinhava la linha d’aurelhas.D’aicí a la
mar, dins la flaira tan bona,
Jol
ventre balancarèl de las gavinas - quin borbolhejadísDe pregàrias ! Fò ! qué fugissián lèu-lèu las colors !Lo
blau del cèl envasissiá lo blau del
Cèl-.
Cruvelats d’aire, entavanats de lum, òli senhat, La calor
nos fissa dinqu’a l’òs - nòstras aletas aletasLisan una sus l’autra dins la fonsor
De
l’ora - se fretan e se confondo Sus l’Esplanada se veson las veituras caudas, lusentas, Silenci de
bruches ; las ensenhas mandan sos rebats.
Ela,
d’ont es que s’es traita, per perQuin corredor
sorne se serà engulhada somelhaira - saunejaira -Per quina bassacada aquí
l’avèm , ventòrla de sòm ?
2.
Ò,
morre de jonquilha, pèl de cera, còr egoïsta - Lucia, cremalh de nòstras nuèits,
nèu de borrilhs de suèja, Lucia,Rasim de vagina, rengueta de carn-marinas, miralhet atudat, tu -
Siás
sul plec - fas la plegada - Una
palheta de solelh dins l’uèlh - ròda, bloca De nòstre degalhadís - que nos estropa dins un
Lençòl
d’iòde - perqué ploram sus las tacas D’ombra de la sabla - ò, cavilhas avuglas - sepeliment, tu, Engolidura-
seràn pas que meravilhas sornas
Que
ta preséncia nos donarà- esconduda, taPreséncia, a la
mòstra ! -mas aquò se sap,
electricitat d’èsser, Narra-urpa, copet de coides, tibià de filaments,
vena
De
l’estrechiment - aquò se sap, vai, que tu Non
sabes res, candèla d’estiu - agachaCossí sèm, faudas de plomb, còrcalhat
Tièras Umanas despapachadas-engrunadas-posquejam... posquejam... Espincham ton entrecamba de jean - sèm cardats Per ta cabeladura - quand se passeja sus la plaja -
Marcham
dins ta cera d’aurelha - nos venèm pegar pegar n Al
papièr pescamoscas de ta mòstra innocenta - nos Rebalam
dins la porcatièra de ta beutat - ò, tudèl
De
nòstras vidas, trena de nòstras vidas, tu, tibla De nòstras vidas, vòmit de nòstras vidas, caissa de Nòstras
vidas, carbe de nòstras vidas, jaune de nòstras
Vidas - pel bec de l’ Agulha de mar, per la baia baiaDe l’Authie - pel teton del blau del cèl - Lucia vendrà - Lucia vendrà - Lucia vendrà
*Kloot Per W a réalisé un album hommage à John Lennon Imagine NO John Lennon - A Tribute que je recommande vivement. Cet Opus a été enregistré avec de très nombreux musiciens belges et à noter aussi la participation de Jean-Jacques Burnel de The Stranglers pour le titre "I'm The Walrus".
** vers arithmonyme (principe : des vers comportant tous le même nombre de mots) : « ni égaux ni proportionnels, pas plus "à l’oreille" qu' "à l’oeil", ces vers qui pour cela même ne sauraient être considérés comme métriques (fût-ce au sens large de "réguliers") n’en sont pas moins régis par un principe relevant de la plus contraignante métrique : celui, que le néologisme qui en épithète l’appellation a charge de désigner, comme leur caractéristique majeure : ils sont "arithmonymes", c’est-à-dire, constitués d’un certain nombre (déterminé) de mots. Ils relèvent donc d’une métrique sans mètre. » (Jean-Pierre Bobillot, in Ivar Ch’Vavar & Camarades, Le Jardin ouvrier, 1995-2003, Flammarion, 2008, p. 201.).
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